Dans les confins septentrionaux du Japon, le bourg montagneux de Kuzumaki transforme vent, soleil et bouses de vache en électricité, un test grandeur nature de nouvelles énergies pour lutter contre le réchauffement climatique.

Dépourvu d’hydrocarbures sur son sol, l’archipel veut diversifier son approvisionnement énergétique et dispose d’un véritable laboratoire en cette ville rurale équipée d’éoliennes, panneaux solaires et actifs dans la reforestation.

C’est à la fin des années 90 que Kuzumaki a pris le tournant de « l’énergie propre » par l’entremise de Tetsuo Nakamura, son maire de 1999 à 2007, et avec le soutien du Nedo, le bras du puissant ministère de l’Économie et de l’Industrie pour le développement des nouvelles énergies. L’État a financé la moitié des 5,7 milliards de yens (34 millions d’euros) d’investissement, quasi à égalité avec des entreprises privés.

Douze éoliennes sont construites en plus des 3 existant déjà, pour une puissance totale portée à 22.200 kilowatts. De quoi alimenter 16.900 foyers en électricité, bien au-delà des 2.900 que compte la ville. « Certains disaient que les éoliennes gâcheraient le paysage. Mais c’était le meilleur choix possible, au plan économique et écologique », affirme l’ancien maire.

Installées dans une zone venteuse à 1.000 m d’altitude, les éoliennes ne surplombent que des pâturages et pas d’habitation, la chance au large territoire d’une ville d’à peine 8.000 habitants répartis sur 400 km2.

Des panneaux solaires sont en outre installés près d’un collège dont ils fournissent le quart de l’électricité. Kuzumaki se lance aussi dans la production d’électricité à la bouse de vache : un mélange de méthane et de dioxyde de carbone (CO2), le biogaz, est tiré des excréments de 200 bovins puis brûlé dans un moteur pour fabriquer l’électricité.

La production de 37 kW est modeste et coûteuse mais le but recherché, comme pour les éoliennes et le solaire, est d’éprouver une technologie fraîchement sortie des laboratoires.

« Cela permet de tester sur le terrain de nouvelles techniques, pour favoriser leur industrialisation et leur diffusion » à plus grande échelle, explique Itoshi Saki, responsable de suivi au Nedo. Un site a aussi été implanté pour développer des batteries à combustible, source d’énergie des maisons et voitures de demain.
En parallèle, Kuzumaki a relancé son industrie forestière. La forêt reste « une ressource largement sous-exploitée qui peut contribuer à réduire l’effet de serre », en absorbant du dioxyde de carbone (CO2), souligne M. Nakamura.

Le Japon mise sur l’extension de ses bois pour diminuer de 3,8% la quantité nette de gaz à effet de serre qu’il relâche dans l’atmosphère et limiter le réchauffement climatique.

Pour atteindre cet objectif, 100 milliards de yens (600 millions d’euros) de subventions seraient nécessaires chaque année pour les industries forestières, selon le gouvernement. Mais seuls 73,5 milliards de yens ont été débloqués en 2007.

Avec des aides d’État ou ses propres finances, Kuzumaki a subventionné plantation d’arbres, entretien des forêts et vente de bois. Quelque 190 ha de forêt ont été replantés en 5 ans. « Si l’État ne suit pas, la ville aura du mal à continuer », prévient toutefois M. Nakamura.

Énergies propres et reforestation confondues, la ville a réduit son impact sur l’environnement de 39.000 à 6.000 tonnes de CO2 par an.

Et Kuzumaki, qui se présente comme « la ville du lait, du vin et de l’énergie propre », attire désormais 500.000 touristes chaque année. De quoi promouvoir les énergies renouvelables auprès de la population, selon son ancien maire.

AFP/VNA/CVN

Article précédentOkiharu Yasuoka, nouveau ministre de la Justice au Japon soutient la peine capitale
Article suivantLe yen japonais et le yuan chinois est en baisse