Le massacre de Nankin (en chinois, 南京大屠杀), également connu sous l’appellation Viol de Nankin, est un événement de la seconde guerre sino-japonaise durant lequel les troupes japonaises se livrèrent à des atrocités contre la population civile de la ville chinoise de Nankin.
Ce massacre, qui débuta le 13 décembre 1937, dura six semaines et fit entre 100 000 et 300 000 victimes dépendamment des sources et selon l’étendue de la zone considérée. Il eut lieu sous les yeux de nombreux Occidentaux, dont les Américains John Magee, George Fitch et Robert Wilson — seul chirurgien resté à Nankin durant le massacre —, ainsi que l’Allemand John Rabe et la missionnaire Minnie Vautrin dont les mémoires personnels ont été publiés.
Commit par l’armée japonaise lors de la première année de la guerre sino-japonaise (1937-1945), le « massacre de Nankin » est l’un des éléments précurseurs de la haine encore tenace qu’expriment les chinois à l’encontre des japonais.
L’histoire du « massacre de Nankin » est d’abord l’histoire d’un échec ou plutôt d’une erreur, celle du général et chef du Kuomitang et par la même occasion de la république nationaliste chinoise, le général Chang Kaï Chek.
La guerre ayant commencé le 7 juillet 1937, à l’occasion d’un incident sur le pont Marco Polo près de Pékin. La première grande bataille qui eut lieu fut celle de Shanghaï, qui eut lieu d’août à novembre 1937, et qui infligea de nombreuses pertes humaines à l’armée japonaise. Après cette bataille, l’armée nippone, sous le commandement du général Iwane Matsui, décida de marcher sur la capitale de l’époque : Nankin.
Alors que le général Chang Kaï Chek, avait donné l’ordre à ces troupes de défendre la capitale jusqu’à la mort. Chang Kai Chek imposa le 12 décembre 1937, une retraite immédiate, alors que la ville était encerclée par les troupes impériales, mais alors qu’aucun combat majeur n’avait encore eu lieu.
Pris de panique la plupart des 100 000 soldats chinois présents à l’intérieur des murailles de la ville, décidèrent donc de fuir par le Nord-Ouest et par le fleuve Yangtze, c’est-à-dire par la seule issue, dont ils disposaient. Mais pris par le flot humain et la panique ambiante, plus de 20 000 soldats périrent lors de cette fuite en avant, tomba du haut de la muraille, se noyant dans les eaux glacées du Yangze, ou encore servant de cible aux flottilles japonaises situées sur le fleuve. En définitive seuls 10 000 soldats réussirent à s’enfuir.
Pour le restant des troupes, la seule solution fut d’essayer de se dissimuler dans la population nankinoise restante.
A l’époque, du million d’habitants que comptait la ville avant le 19 novembre 1937, et l’annonce de Chang Kaï Chek de quitter la capitale avec l’administration du Kuomitang, il ne restait plus qu’environ 250 000 personnes, dont 90 % se trouvaient dans la zone de sécurité (qui n’avait de sécurité que le nom), sous contrôle de deux organisations humanitaires étrangères, le Comité International américain et la Svastika Rouge allemande.
En effet si les plus riches avaient fuit avant l’arrivée de l’armée japonaise, les plus pauvres étaient restés, ainsi que de nombreuses personnes âgées, pour protéger leurs biens et leurs maisons.
Une fois la prise de contrôle de la ville effectuée par les troupes impérialistes, celles-ci se mirent à chercher parmi les civils, les hommes susceptibles d’être des militaires. Or même si des signes physiques, comme une coupe de cheveux militaire, un front clair, dû au port du casque, ou encore une épaule rougie, par l’utilisation du fusil, pouvaient permettre aux soldats japonais de discerner les anciens soldats chinois. Ceux-ci pratiquèrent sous ordre du commandement supérieur, à des rafles et à des exterminations massives, à l’encontre des hommes de 15 à 50 ans, les fusillant en nombre, les tuant à la baïonnette, les décapitant à l’aide de sabre, ou encore les enterrant vivant.
Mais si ces exactions semblent horribles, elles ne furent que le commencement du « massacre de Nankin ». Car après presque six mois de combats, les troupes du général nippon Matsui, qui souffraient de problèmes de logistiques, se mirent à piller et brûler les commerces et les maisons de Nankin. Ainsi des camions entiers partirent de Nankin vers le Japon, emplis d’œuvres d’art et de livres de grandes valeurs, que l’on retrouve encore dans les bibliothèques et les musées japonais.
Un climat de chaos s’instaura de fait dans la ville, et l’armée japonaise élabora de nouvelles stratégies de guerres aux dépends des civils.
Ainsi l’unité spéciale 731 sous la direction du général Shiro Ishii, se livra à des expériences de guerre bactériologique et à des vivisections sur des civils, et mis en pratique certaines de ses découvertes dans la région de Nankin, en propageant des épidémies à travers l’eau des puits.
La nuit, les soldats nippons se livrèrent à des viols collectifs organisés, à l’encontre de femmes, âgées de 9 à 76 ans, et ce devant leurs familles et leurs voisins, ou après avoir tué leurs enfants ou leurs maris devant leurs yeux. Enlevant des femmes durant de longues périodes et les assouvissant au rôle d’esclaves sexuels dans les casernements japonais.
Ainsi il semblerait que l’armée nippone élabora son concept de « femmes de réconfort » à cette époque, principe qui vu la mise en esclavage de centaines de milliers de femmes, dont de nombreuses coréennes, durant la seconde guerre mondiale, afin d’assouvir les appétits sexuels des militaires de l’armée impériale.
Le jour dans les rues, les militaires tiraient à vue les passants, hommes, femmes ou enfants, entre deux cigarettes. De nombreux témoignages indiquent que seul la présence d’occidentaux sur les lieux du crime, pouvait éviter le pire à la population chinoise… Preuve que même sous l’emprise de l’alcool et de l’excitation sexuelle, les soldats japonais restaient disciplinés et n’auraient pas dérogés aux directives des sphères supérieures de l’armée, qui avait ordonné de ne pas s’attaquer aux occidentaux.
Ainsi les atrocités commises par l’armée japonaise entre décembre 1937 et début mars 1938, firent entre 200 000 et 300 000 victimes à Nankin, et provoquèrent un traumatisme psychologique sans précédent chez la population chinoise. Réaffirmant l’identité nationale chinoise, et ayant pour conséquence indirecte, l’alliance entre les frères ennemis du Kuomitang et du Parti Communiste Chinois pour lutter de manière commune contre l’envahisseur nippon.
Après la guerre, au procès de Tokyo, le « massacre de Nankin » sera ainsi le seul crime de guerre traité séparément des autres. Le général Matsui sera condamné à mort pour ne pas avoir empêché ce massacre, tandis que général Ishii, qui fut en charge jusqu’en 1945 de l’unité 731, se verra accorder l’impunité par les américains en échange du résultat de ses travaux.
Aujourd’hui encore le « massacre de Nankin » et le phénomène des « femmes de réconfort » sont la proie des négationnistes japonais.
Il y note notamment pour le 13 décembre : « Ce n’est pas avant d’avoir parcouru la cité que nous réalisons l’ampleur de la destruction. Nous tombons sur des cadavres tous les 100 ou 200 mètres. Les corps des civils que j’ai examinés avaient des trous de balle dans le dos. Ces gens ont vraisemblablement fui avant d’être abattu par derrière. », puis pour le 17 décembre : « La nuit dernière près de 1 000 femmes et filles auraient été violées, et environ 100 au collège pour filles Ginling. On n’entend rien d’autre que des viols. Si les époux ou les frères interviennent, ils sont abattus. De tous côtés, ce que l’on entend et voit, c’est la brutalité et la bestialité des soldats japonais. »
Source : inhumain.lejdd.fr