Les prix à la consommation au Japon, hors produits frais périssables, ont augmenté de 2,4% en juillet par rapport au même mois de 2007, un niveau inédit depuis près de 11 ans, dû à la flambée des tarifs de l’énergie et d’aliments, selon le ministère des Affaires intérieures.
Ce taux est légèrement supérieur à la prévision moyenne des économistes, lesquels s’attendaient à une inflation de 2,3%, selon un sondage réalisé par le quotidien Nikkei auprès d’une vingtaine d’entre eux.
C’est la première fois depuis octobre 1997 que l’inflation atteint ce niveau, et encore était-ce alors imputable à une augmentation de taxe.
La barre des 2% est presque considérée comme un maximum acceptable par la Banque centrale du Japon (BoJ), institution censée agir pour éviter un emballement prix-salaires, mais qui, avant de relever ses taux à cette fin, doit aussi prendre en compte la croissance, pour le moment anémiée.
Comme lors des mois précédents, l’inflation de juillet résulte de l’envolée des cours mondiaux des hydrocarbures et matières premières, laquelle a rejailli sur les prix de l’essence, du fioul, de certains aliments, des transports, de l’électricité ou encore du gaz de ville.
Hors alimentation et énergie, la progression des prix en juillet n’est que de 0,2% en glissement annuel.
Les prix ont en effet continué de diminuer dans le secteur des biens durables et semi-durables, dont les produits électroniques grand public, même si certains fabricants commencent à répercuter leurs surcoûts de production sur les étiquettes en rayon.
Par ailleurs, l’indice des prix à la consommation, hors produits frais périssables, dans la région de Tokyo – chiffre considéré comme un indicateur avancé de l’évolution des prix dans le reste du pays – a pour sa part augmenté de 1,5% en août comparé au même mois de 2007, selon le ministère. Toutefois, cette donnée marque un ralentissement de l’inflation d’un mois sur l’autre en glissement annuel, puisque en juillet, l’indice des prix de Tokyo s’établissait à +1,6% comparé au même mois de 2007.
Les économistes ne s’attendaient pas à cette petite décélération. Ils prédisaient en moyenne une hausse de 1,7% en août.
Juillet marque le dixième mois de hausse d’affilée pour les prix à la consommation dans l’ensemble du Japon, pays qui a longtemps souffert du phénomène inverse, la déflation, après l’éclatement de la bulle spéculative immobilière et boursière au début de la précédente décennie.
Toutefois, l’inflation actuelle n’est pas endogène, mais importée, puisque liée à la flambée des ressources essentielles achetées à l’extérieur (hydrocarbures, matériaux et aliments de base), ce qui limite les marges de manoeuvre de la Banque du Japon. Cette dernière maintient depuis février 2007 le taux d’intérêt le plus bas du monde industrialisé (0,5%). Un relèvement du loyer de l’argent pour endiguer ce type d’inflation, alors que la croissance marque le pas, s’assimilerait en effet à un coup d’épée dans l’eau, selon les économistes.
AFP