L’action de la compagnie d’électricité Tepco, gestionnaire de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima (nord-est du Japon), a plongé lundi de près de 24% à la mi-séance de la Bourse de Tokyo, minée par des informations de presse faisant état de nouvelles pertes massives.

A la pause de 11H00 (02H00 GMT), le titre de Tokyo Electric Power (Tepco) valait 218 yens (-23,77%). En cours de séance, il est tombé à son plancher autorisé pour la journée (206 yens, -28%), avant de se reprendre légèrement.

Les investisseurs vendaient massivement le titre sur la foi d’un article de l’agence de presse Kyodo, dimanche, affirmant que l’entreprise pourrait enregistrer une perte nette de 570 milliards de yens lors de l’année budgétaire d’avril 2011 à mars 2012 (4,9 milliards d’euros au cours actuel), sans compter les indemnisations dues aux victimes de l’accident nucléaire.

Tepco a répondu que ces chiffres n’avaient rien d’officiel et ajouté qu’elle n’envisageait pas de publier de prévisions financières pour l’année en cours dans l’immédiat.

Le président de la Bourse de Tokyo, Atsushi Saito, a déclaré de son côté que l’entreprise devrait passer par une phase de redressement judiciaire pour se relancer, à la manière de la compagnie aérienne Japan Airlines.

Ces informations ont renforcé l’inquiétude des opérateurs quant à l’avenir de l’entreprise, d’autant qu’un plan de soutien dévoilé mi-mai par le gouvernement de centre-gauche pourrait être remis en cause en cas de démission du Premier ministre, Naoto Kan, impopulaire et fragilisé.

Il est très difficile d’estimer quelle sera la perte nette finale cette année, car le montant des compensations n’a pas encore été calculé, bien qu’il pourrait s’élever à plusieurs dizaines de milliards d’euros, a expliqué Hiroaki Osakabe, de Chibagin Asset Management, cité par Dow Jones Newswires.

Les acteurs du marché commencent à intégrer le fait que la totalité des avoirs de Tepco pourrait être engloutie, a-t-il ajouté.

Au terme de l’exercice d’avril 2010 à mars 2011, Tepco a affiché un déficit net de 1.247,35 milliards de yens (10,9 milliards d’euros), le pire jamais enregistré par un groupe japonais non financier.

Selon Kyodo, citant un document interne à l’entreprise, la facture d’hydrocarbures de Tepco devrait notamment grimper de 830 milliards de yens lors de l’année budgétaire en cours, à cause de l’augmentation de la production de ses centrales thermiques rendue nécessaire par l’arrêt d’une quinzaine de réacteurs.

La compagnie pourrait se retrouver avec une trésorerie limitée à 100 milliards de yens en fin d’exercice en mars 2012, contre 2.100 milliards de yens en début d’année budgétaire, ce qui pourrait l’obliger à emprunter davantage aux banques et à solliciter davantage l’aide publique.

La note de la dette à long terme de Tepco a été reléguée il y a une semaine en catégorie spéculative par l’agence de notation financière Standard & Poor’s, rendant plus difficile la capacité de la firme à lever des fonds sur le marché obligataire.

L’action de la première compagnie d’électricité du Japon n’a jamais coté aussi bas. Elle a perdu 90% de sa valeur depuis le 11 mars, jour du tsunami qui a dévasté le nord-est de l’archipel et entraîné des explosions et fuites radioactives dans sa centrale nucléaire Fukushima Daiichi, située à 220 km de Tokyo.

TOKYO – (©AFP / 06 juin 2011 05h00) – Article original sur romandie.com

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