{{Manga. La trilogie {Lorsque nous vivions ensemble} du dessinateur japonais Kamimura, décédé à l’âge de 45 ans, paraît en France. Un chef-d’oeuvre du vieux maître du manga réaliste.}}
Tokyo, au début de la libération des moeurs. Deux amoureux de 20 ans décident de vivre ensemble, sans se marier. Ni les parents, maintenus éloignés, ni les collègues de boulot ne savent exactement les liens qui les unissent. Kyôko et Jirô font l’amour avec frénésie, lors d’une balade à la mer, en forêt, pour s’extraire des premières disputes, oublier une situation professionnelle précaire.
Lorsque nous vivions ensemble s’adresse à un public averti. Comme l’indique son titre à l’imparfait, ce n’est pas une romance à l’eau de rose. Le quotidien s’y délite lentement, en de violents soubresauts. Au Japon, à sa sortie en 1972, ce manga s’est vendu à trois millions d’exemplaires. Le public y a trouvé un exutoire au mode de vie très encadré et calé sur la rentabilité exigée de la société japonaise.
Kazuo Kamimura, ce « {dessinateur de génie mort à la fleur de l’âge} » (à 45 ans, en 1986), a été longtemps l’assistant du père du manga moderne, Osamu Tezuka. Lui-même a formé, dans son atelier, le talentueux Jirô Taniguchi. Ce dernier signe la préface de l’édition française. Et salue un trait élégant, aux lignes courbes, proche des estampes japonaises classiques, « {un manga au mode d’expression totalement nouveau, construit avec un design, un découpage que l’on n’avait encore jamais vus.} »
Les éditions Kana ont entrepris la publication de son oeuvre en France. En 2007, les lecteurs avaient pu découvrir l’excellent Lady Snowblood (scénario de Kasuo Koike), qui a inspiré à Quentin Tarantino les films Kill Bill.
[Source : Christelle Guibert, Ouest France->http://www.ouest-france.fr/actu/livres_detail_-Chronique-de-l-amour-libre-dans-un-Japon-coince-_3723-1182188_actu.Htm]