L’incapacité du gouvernement japonais à respecter la date-butoir du 20 juin qu’il s’était lui-même fixé pour présenter un plan budgétaire à long terme est susceptible de nuire à la qualité du crédit du pays, a déclaré lundi l’agence de notation Moody’s.
Tokyo s’était donné jusqu’au 20 juin pour, notamment, relever la fiscalité, mais certains députés du parti majoritaire ont refusé de se laisser lier par cette date, tandis que la question de la longévité politique de l’impopulaire Premier ministre Naoto Kan pèse sur les débats.
Le gouvernement souhaite doubler la taxe sur la valeur ajoutée pour la porter à 10% en quatre ans. En juin, le Fonds monétaire international avait appelé Tokyo à porter cette taxe à 7% ou 8% dès l’année prochaine, puis éventuellement à 15% au fil des années suivantes.
C’est notamment ce projet qui n’a pu être validé à temps par les parlementaires japonais.
« Ce développement est négatif pour le crédit car il empêche de placer les finances publiques dans une perspective de réduction de la dette », a estimé Tom Byrne, vice-président de Moody’s, dans une note publiée sur le site de l’agence.
Selon lui, il est toutefois vraisemblable que l’économie japonaise rebondira rapidement après le tremblement de terre du 11 mars et la catastrophe nucléaire qu’il a entraînée.
Mais la croissance économique risque de n’être ensuite que modérée, et il n’est pas inconcevable que l’Archipel connaisse une troisième « décennie perdue », a-t-il souligné.
Fin mai, Moody’s avait dit qu’elle pourrait abaisser la note souveraine du Japon – actuellement à Aa2 – au vu des faibles perspectives de croissance du pays et d’une réponse politique jugée trop molle à la hausse de l’endettement national.
L’agence de notation était passée en février d’une perspective « stable » à « négative » sur cette note, la troisième plus élevée de sa hiérarchie.
Les deux autres grandes agences, Fitch et Standard & Poor’s, menacent également d’abaisser la note japonaise. Elles notent le pays un cran plus bas que Moody’s.
La dette du Japon est deux fois plus importante que son produit intérieur brut, mais elle est détenue à 95% par des investisseurs nationaux, ce qui permet au pays d’éviter les lourdes difficultés que connaît par exemple la Grèce.
par Edwina Gibbs et Stanley White
TOKYO (Reuters) – Jean-Stéphane Brosse et Grégory Schwartz pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten – © 2011 Reuters