La production industrielle au Japon a vigoureusement rebondi de 5,7% en mai, deux mois après son plongeon causé par le séisme et le tsunami du 11 mars, mais les entreprises restent prudentes avant des restrictions d’électricité prévues cet été.
Cette progression mensuelle est la deuxième plus forte jamais enregistrée dans l’archipel, a expliqué mercredi le ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Meti).
En mars, cet indice avait enregistré une chute sans précédent de 15,5%, en raison des dégâts infligés aux usines, de la désorganisation des circuits logistiques et des problèmes d’approvisionnement en énergie provoqués par le désastre du Tohoku (nord-est).
L’industrie s’était déjà légèrement reprise en avril (+1,6%).
La remontée de mai a été favorisée par l’industrie automobile, qui a partiellement redémarré ses chaînes d’assemblage. Au lendemain de la catastrophe, les constructeurs nippons ont subi une rupture de fourniture en pièces détachées, de nombreux sous-traitants de la région du Tohoku ayant dû stopper leur production.
L’ensemble du secteur s’est mobilisé depuis pour aider ces firmes à redémarrer, et l’assemblage des véhicules, quoique encore réduit, a pu reprendre à un rythme plus soutenu.
A partir de cet été, les constructeurs japonais pensent accélérer les cadences et le premier d’entre eux, Toyota, prévoit d’embaucher de 3 à 4.000 ouvriers sous contrats temporaires pour rattraper son retard.
Ces données officielles, qui font aussi état d’un sursaut dans les secteurs des machineries et de la chimie, attestent le scénario d’une « reprise en V » favorisé par le rétablissement des circuits d’approvisionnement, a estimé Hidehiko Fujii, économiste à l’Institut de recherche du Japon, cité par Dow Jones Newswires.
Le redémarrage de l’industrie de la troisième puissance économique mondiale est particulièrement notable dans les régions touchées par le séisme, signe que les efforts de reconstruction commencent à porter leur fruit.
Toujours en mai, les livraisons ont grimpé de 5,3% et les stocks se sont reconstitués, de 5,1%. La production est toutefois restée inférieure de 5,9% par rapport au même mois de l’an passé.
Les industriels interrogés par le Meti se sont montrés confiants pour juin, tablant en moyenne sur une production en hausse de 5,3% d’un mois sur l’autre, ce qui ramènerait l’activité à son niveau d’avant le séisme. La construction automobile, la fabrication de machines et de composants électroniques devraient être les principaux contributeurs.
En juillet, la hausse de la production devrait toutefois ralentir à 0,5%.
« Les entreprises sont prudentes, car elles s’inquiètent de la manière dont elles vont gérer la pénurie d’électricité de cet été », a souligné M. Fujii.
La plupart des usines de la mégapole de Tokyo, le poumon économique de l’archipel, vont devoir réduire de 15% leur consommation d’électricité à partir du 1er juillet et jusqu’à la fin de l’été, sur injonction des autorités.
En cause, la suspension de 13 des 17 des réacteurs nucléaires de Tokyo Electric Power (Tepco), la compagnie desservant la capitale.
La réduction de la consommation de courant est organisée pour éviter les coupures, des tensions étant attendues sur le réseau en raison de l’utilisation massive des climatiseurs en pleine chaleur estivale.
Les firmes ont aussi été encouragées à économiser l’énergie, bien que de façon volontaire, dans la deuxième région industrielle du Japon, le Kansai (centre-ouest) comprenant les métropoles d’Osaka et Kobe.
Selon M. Fujii, les entreprises pourraient relever leurs prévisions pour juillet sitôt mises en place les mesures d’adaptation prévues, comme l’avancée des horaires de travail ou l’ouverture des usines le week-end plutôt que certains jours de la semaine.
Tokyo (awp/afp) – fah- (AWP / 29.06.2011 07h06) – Article original sur romandie.com