TOKYO — La Banque du Japon (BoJ) a doublé mercredi le montant des fonds disponibles pour des prêts d’urgence à taux très bas aux banques, dans l’espoir de doper la reprise et de vaincre la déflation.
Le comité de politique monétaire de la BoJ a porté de 10.000 milliards à 20.000 milliards de yens (163 milliards d’euros) le montant de l’enveloppe allouée à ce dispositif exceptionnel, inventé en décembre, grâce auquel les banques peuvent obtenir des prêts sur trois mois au taux fixe de 0,10%.
Fait relativement rare à la BoJ, cette décision a donné lieu à controverse: les deux plus anciens membres du comité, Miyako Suda et Tadao Noda, ont voté contre, alors qu’ils avaient approuvé sans réserves la création du dispositif en décembre. Leurs raisons n’ont pas été précisées.
Les sept membres du comité ont en revanche voté à l’unanimité le maintien du taux directeur de la BoJ au niveau minimaliste de 0,10%.
L’extension du dispositif de prêts d’urgence, conforme aux attentes du marché, survient alors que le gouvernement nippon a fortement accentué la pression sur la BoJ pour qu’elle se montre plus combative contre la déflation.
« Vaincre la déflation et revenir à un rythme soutenu de croissance dans un contexte de stabilité des prix est un défi crucial pour l’économie du Japon », a reconnu la banque centrale dans un communiqué.
Les prix à la consommation au Japon ne cessent de chuter depuis mars 2009 en raison, notamment, des capacités de production devenues largement excédentaires par rapport à une demande en chute libre pendant la crise mondiale.
La déflation, que le Japon a déjà connue entre 1997 et 2006 environ, est un phénomène pernicieux qui décourage l’investissement, ruine les espérances de bénéfices des entreprises et retarde les dépenses de consommation des ménages.
Le ministre des Finances, Naoto Kan, s’est juré d’éradiquer ce mal avant la fin de l’année 2010, même si la BoJ et les principales organisations économiques internationales prévoient que les prix continueront à baisser au moins jusqu’au premier trimestre 2012. M. Kan ne cesse d’exhorter la BoJ à se montrer plus offensive, par exemple en adoptant un objectif d’inflation.
« La décision de la BoJ constitue un pas de plus vers la victoire contre la déflation », s’est félicité M. Kan après l’annonce des mesures de mercredi. « Je n’en pense que du bien », a-t-il ajouté devant des journalistes.
Certains analystes ont interprété l’extension des prêts d’urgence comme une mesure d’apaisement à l’égard du gouvernement, et ont mis en doute son utilité réelle alors que l’économie japonaise a confirmé son redémarrage.
« Je ne vois aucune raison économique pour laquelle la BOJ devrait assouplir sa politique maintenant, alors que plusieurs indicateurs sont en train de revenir durablement dans le vert », a commenté Hideo Kumano, économiste à l’Institut de recherche Dai-ichi Life.
Au cours d’une conférence de presse, le gouverneur de la BoJ, Masaaki Shirakawa, a cependant nié s’être plié aux exigences de l’exécutif, dont la banque centrale est théoriquement indépendante depuis 1998.
« Pour venir à bout de la déflation, le gouvernement, la Banque du Japon et les banques privées ont tous un rôle à jouer », a-t-il affirmé.
Le doublement des prêts a été bien accueilli à la Bourse de Tokyo. L’indice Nikkei a progressé de 1,17% et atteint son plus haut niveau en huit semaines.
[Source : Google et AFP->