Les Japonais ont été surpris par la virulence des attaques américains contre Toyota. Et n’hésitent pas à y voir acharnement et humiliations.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la virulence des attaques ayant visé Toyota aux Etats-Unis après le rappel en janvier-février de plus de huit millions de véhicules a surpris au Japon.
C’est vrai, tout le monde a été sonné par l' »accident industriel ». Comment ? un constructeur qui a bâti sa réputation sur la fiabilité de ses voitures en rappelle plus de huit millions pour des histoires de pédales, d’accélérateur et de frein ? Et oui, Toyota avait failli. Mais bon, ce n’est pas si exceptionnel. Ford a bien fait revenir dans ses ateliers en octobre 2009 4,5 millions de véhicules pour remplacer une pièce à l’origine de la destruction par le feu d’au moins 550 voitures.
Seulement voilà, pour les Américains, ce n’est pas pareil. Et qu’importe que les défaillances des Toyota n’aient pas encore été prouvées. Outre la cible d’une campagne de presse extrêmement dure, le groupe a été condamné le 5 avril à 16,4 millions de dollars d’amende par le gouvernement américain pour ne pas avoir informé les autorités des problèmes observés sur ses véhicules.
Au Japon, où Toyota a aussi rappelé plusieurs centaines de milliers de voitures pour des problèmes de frein, cela a tout d’une réaction disproportionnée. D’autant que les rappels n’ont rien d’exceptionnels. Ils sont fréquents et concernent tous les constructeurs. Avec un défaut : ils portent sur un grand nombre de véhicules pour un petit nombre de problèmes, ce qui les rend vite spectaculaires.
D’où, cette fois, certaines interrogations : y-aurait-il une certaine frustration aux Etats-Unis de voir un constructeur non-américain occuper la place de numéro un mondial de l’automobile ? Certains le pensent.
D’autres voient dans les attaques contre Toyota un avatar des problèmes diplomatiques bilatéraux actuels, sur le dossier des bases américaines d’Okinawa notamment. « Les Etats-Unis veulent humilier le Japon », n’hésite pas à affirmer Yoshio Sakuma, de l’Institut d’études économiques internationales. Le 12 avril, Kiochi Nishioka, chroniqueur du quotidien économique Nihon Keizai, parlait de Toyota comme de « la cible d’un acharnement massif aux Etats-Unis à cause de ses rappels ».
Et tous de comparer la situation du géant de Nagoya avec celle du Japon des années 80. A l’époque, l’invasion des Etats-Unis par les produits nippons avait suscité de vives réactions d’hostilité à tout ce qui portait la mention « Made in Japan ».
Avec une différence cette fois. Malgré, il faut le reconnaître, bien des erreurs au niveau de la communication, une crise de croissance trop rapide et de graves dysfonctionnements au niveau de la gestion des problèmes techniques, les consommateurs américains restent fidèles au constructeur. Selon un sondage Gallup réalisé début mars, 74% des propriétaires de Toyota conservent leur confiance au groupe japonais, qui a par ailleurs vu ses ventes aux Etats-Unis progresser de 40,7% en mars et sur un an.
[Source : l’express.fr->http://www.lexpress.fr/actualite/economie/pour-les-japonais-toyota-est-victime-d-un-acharnement-made-in-usa_885006.html]