Le nationaliste Taro Aso, assuré d’être investi Premier ministre du Japon mercredi par les députés, mettait mardi la dernière main à la composition de son gouvernement, dans la perspective de rapides élections anticipées qui s’annoncent difficiles pour le pouvoir.

M. Aso, 68 ans, a été désigné lundi haut la main président du Parti libéral-démocrate (PLD), la formation de droite au pouvoir au Japon. Il sera investi Premier ministre mercredi par la Chambre des députés, où le PLD est majoritaire, et nommera dans la foulée son gouvernement.

Dans cette perspective, M. Aso s’est réuni mardi avec Akihiro Ota, le chef du parti bouddhiste Nouveau Komeito, allié du gouvernement dans un parlement à moitié contrôlé par une opposition extrêmement pugnace.

Le Nouveau Komeito, soutenu par une influente secte bouddhiste, est largement considéré comme ayant acculé à la démission le 1er septembre le Premier ministre Yasuo Fukuda, de crainte que son impopularité montante ne condamne la coalition au pouvoir à une cinglante défaite lors des prochaines législatives.

Ces législatives sont en principe prévues en septembre 2009. Mais de nombreux dirigeants du PLD préconisent une rapide dissolution de la Chambre des députés et un scrutin anticipé, afin de profiter de l’état de grâce dont le charismatique M. Aso devrait bénéficier dans l’opinion au début de son mandat. Selon les médias, l’élection pourrait avoir lieu dès le 26 octobre.

Les journaux japonais exhortaient mardi le prochain chef du gouvernement à s’attaquer d’urgence aux problèmes économiques du pays, menacé de récession. « Aso doit choisir une équipe de confiance et affronter d’urgence ces questions difficiles en formant son gouvernement », appelait le quotidien de droite Yomiuri Shimbun dans un éditorial.

Les journaux pariaient sur un maintien au gouvernement de l’actuel ministre de la Politique économique et budgétaire Kaoru Yosano, et une entrée de l’ex ministre de la Défense Shigeru Ichiba, tous deux rivaux malheureux de M. Aso dans la course à la présidence du PLD. Selon le Yomiuri, un fidèle de M. Aso, l’ex ministre de l’Economie Shoichi Nakagawa, deviendra ministre des Finances.

Le PLD gouverne le Japon sans interruption depuis 1955, à l’exception d’un intervale de dix mois dans les années 1990. Mais le Parti démocrate du Japon (PDJ), principal mouvement de l’opposition de centre-gauche qui a conquis la majorité au Sénat en juillet 2007, a gagné en combativité et espère remporter une victoire historique lors des prochaines élections.

« La course à la présidence du PLD n’était qu’une escarmouche préliminaire. La vraie bataille, ce seront les élections législatives », fait remarquer Tetsuro Kato, professeur de sciences politiques à l’Université Hitotsubashi. « Le PLD est confronté à l’étape la plus difficile de son histoire », estime M. Kato. « Il avait l’habitude de survivre en se contentant de changer la tête du parti, mais il semble que cela ne fonctionne plus ».

« Les électeurs d’aujourd’hui sont beaucoup plus familiers avec le concept de bipartisme, et le PLD aura beaucoup plus de mal à conserver le pouvoir », analyse pour sa part Hiroshi Hirano, politologue à l’Université Gakushuin. « Nous sommes peut-être proches de l’effondrement historique du régime de 1955 », spécule-t-il, en faisant référence à l’année de la fondation du PLD.

Certains analystes parient aussi que M. Aso s’efforcera à tout prix d’organiser les législatives avant le 4 novembre, date de l’élection présidentielle américaine… de peur qu’une éventuelle victoire du candidat démocrate Barack Obama ne donne des envies de changement aux électeurs nippons.

AFP

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