La banque centrale du Japon (BoJ) a sans surprise annoncé mardi le maintien de son taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0,0% à 0,1%, ce qui en pratique revient à encourager un taux nul afin de lutter contre la déflation, la faiblesse économique et le yen cher.
Cette décision a été prise à l’unanimité des neuf membres, a précisé l’institut d’émission.
La BoJ a par ailleurs réitéré son opinion selon laquelle la situation économique japonaise allait progressivement se redresser en dépit de la phase de stagnation actuelle et des risques émanant de l’extérieur.
« Le rythme de la reprise s’est ralenti et cela va durer un certain temps, mais l’économie va retrouver par la suite le chemin d’une amélioration modérée, car l’on peut penser que le taux de croissance mondial regrimpera entraîné par le dynamisme des pays émergents », juge la BoJ.
Le maintien du taux au jour le jour à zéro depuis début octobre, ainsi que les diverses mesures d’assouplissement monétaire récemment renforcées, vise notamment à contrer la baisse handicapante des prix au détail dans laquelle est englué le Japon. Cette déflation lancinante a tendance à être moins forte au fil des mois, note cependant la banque.
Le reflux des prix s’explique par une différence entre l’offre (trop importante) et la demande (trop faible), du fait de la frilosité des consommateurs japonais, d’une part, et des soubresauts des commandes extérieures sur fond de reprise incertaine en Occident, d’autre part.
« La demande de certains produits de la part des consommateurs japonais a subi le contrecoup d’une forte hausse précédemment », a remarqué la BoJ. Elle fait allusion notamment aux automobiles qui ne bénéficient plus depuis début septembre de subventions qui avaient dopé les ventes dans les mois précédents.
Des modalités étatiques exceptionnelles touchant des appareils électroménagers (TV, réfrigérateurs, climatiseurs) sont également devenues moins avantageuses.
Quant aux exportations, « elles ont été à peu près étales », a relevé le comité de la banque dans son communiqué.
« Compte tenu de cette évolution tant au Japon qu’à l’extérieur, la production s’est de facto ralentie », a reconnu l’institution.
La baisse du moral des entrepreneurs révélée la semaine dernière par l’enquête trimestrielle « Tankan » de la BoJ n’a cependant pas poussé l’institution à prendre de nouvelles dispositions, car des signes positifs existent également.
« Il faut laisser les récentes décisions produire leurs effets avec le temps », a plusieurs fois répété ces dernières semaines le gouverneur, Masaaki Shirakawa.
Durant la réunion de deux jours tenue lundi et mardi, le comité de politique monétaire de la BoJ a passé en revue les premiers résultats de ses achats étendus d’actifs financiers, plus risqués, dans le cadre de mesures d’assouplissement quantitatif.
La banque centrale a commencé d’acquérir des obligations d’Etat, des bons du Trésor, et poursuivra avec divers autres titres pour un montant actuellement fixé à 5.000 milliards de yens (44 milliards d’euros). Cette somme pourrait si besoin être augmentée, mais la BoJ a jugé mardi que cela n’était pas le cas à présent.
S’y ajoutent divers types de prêts à taux fixe préférentiel pour une somme totale de 30.000 milliards de yens, consentis pour une durée de trois ou six mois aux banques en échange de gages divers.
Aux dires de la BoJ, les conditions sur les marchés financiers se sont améliorées.
Outre la lutte contre la déflation, la banque est aussi pressée par les milieux politiques et d’affaires de mener une politique qui permette de limiter la nocivité de la cherté de la monnaie japonaise face au dollar et à l’euro, même si le yen a eu tendance ces dernières semaines à reperdre du terrain.
La devise nippone avait atteint son niveau le plus élevé en quinze ans vis-à-vis du billet vert au début du mois de novembre, au grand dam des entreprises exportatrices nippones.
([©Romandie.com – AWP/21 décembre 2010 06h24->http://www.romandie.com/infos/news/201012210624151AWP.asp])