Le Japon a proposé mardi d’ouvrir « un dialogue direct » avec la Corée du Nord, l’un des « thèmes majeurs » de 2011, en réponse à l’attitude conciliatrice adoptée par Pyongyang et Séoul après la tension des dernières semaines.
« Nous n’avons pas de relations diplomatiques (…) mais il est important de créer un environnement qui nous permettra d’avoir des discussions directes entre les deux pays », a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères, Seiji Maehara, lors d’une conférence de presse.
« Nous ne devrions pas traiter la question nord-coréenne uniquement dans des réunions multilatérales ou lors des négociations à six, en comptant sur d’autres pays », a-t-il ajouté.
Jusqu’à présent, Tokyo préférait participer à des discussions multilatérales, comme les négociations à six — les deux Corées, Chine, Etats-Unis, Japon, Russie — pour contraindre le régime nord-coréen à renoncer à son programme nucléaire en échange d’une aide économique.
Le Japon, qui entretient des relations tendues voire hostiles avec son voisin nord-coréen depuis la Guerre de Corée (1950-53), se sent directement menacé par les missiles nord-coréens et par les essais nucléaires menés par le régime communiste avec pour objectif, selon Tokyo, de fabriquer des bombes atomiques.
Mais Tokyo a également un contentieux particulier à régler avec Pyongyang: celui des Japonais enlevés dans les années 70 et 80 par les services secrets nord-coréens pour enseigner la langue et la culture japonaises à leurs agents.
« Nous avons la question des enlèvements, qui est liée à la souveraineté du Japon », a rappelé M. Maehara, qui a souhaité « avoir des discussions directes » sur ce sujet, mais aussi « sur les missiles et les armes nucléaires ».
Cette offre de dialogue, présentée par le chef de la diplomatie nippone comme « l’un des thèmes majeurs » de l’année 2011, semble répondre à l’attitude conciliatrice adoptée par le régime nord-coréen à l’occasion du Nouvel An, après la tension créée par le bombardement en novembre d’une île sud-coréenne par l’artillerie du Nord.
« La confrontation entre le Nord et le Sud doit être désamorcée dès que possible », ont déclaré les éditoriaux de trois des principaux journaux officiels nord-coréens le 31 décembre. Lundi, le président sud-coréen, Lee Myung-Bak, a répondu que la porte du dialogue inter-coréen restait « ouverte » et que Séoul était prêt à « renforcer de manière drastique la coopération économique » si Pyongyang faisait preuve de sincérité dans la reprise de leurs relations.
Washington s’est immédiatement félicité lundi de ce changement de ton « prometteur » des autorités nord-coréennes par rapport au « langage belliqueux » employé ces dernières semaines.
Stephen Bosworth, l’émissaire américain pour la Corée du Nord, était mardi à Séoul, avant de se rendre à Pékin et Tokyo pour des consultations. La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, doit recevoir mercredi à Washington son homologue chinois Yang Jiechi, puis le lendemain le ministre Maehara.
Shunji Hiraiwa, spécialiste de la Corée du Nord à l’université Kwansei Gakuin (ouest), relève que la proposition de dialogue du chef de la diplomatie nippone survient alors que « la question des enlèvements est dans l’impasse ».
« Mais cela ne veut pas dire que le Japon envisage de baisser la garde. Il ne peut pas le faire avant que la Corée du Sud ne bouge », a-t-il souligné. « A cet égard, les déclarations du président Lee ont été la condition pour que Tokyo fasse une offre à son tour. »
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