Toyota est resté le premier constructeur automobile mondial en 2010, malgré la crise des rappels qui l’a ébranlé, mais le groupe japonais pourrait vite perdre sa couronne au profit de l’américain General Motors en phase de reprise.

La firme nippone a annoncé avoir écoulé 8,42 millions de véhicules, toutes marques confondues (voitures Toyota, mini-véhicules Daihatsu et poids lourds Hino) contre 8,39 millions à son concurrent General Motors (GM).

Toyota est en tête du palmarès depuis 2008, année où elle a ravi la place de numéro un à GM qui l’occupait depuis plus de 70 ans.

La société basée à Nagoya (centre du Japon) assure toutefois que la première place mondiale en termes de ventes n’est « pas importante » pour elle.

« Notre objectif est de devenir le numéro un vis-à-vis du client, en termes de service et de satisfaction du consommateur », a expliqué un porte-parole, Paul Nolasco, à l’AFP.

Fin 2009 et début 2010, Toyota a en effet essuyé l’une des pires crises de son histoire, rappelant près de neuf millions de voitures dans le monde pour divers soucis techniques, notamment des pédales d’accélération pouvant rester bloquées et des systèmes de freinage défectueux.

Ces turbulences ont mis à mal l’image de fiabilité sur laquelle la firme a bâti sa réputation. L’impact médiatique a été particulièrement fort aux Etats-Unis, concernés par la majorité des rappels et où l’audition tendue du PDG Akio Toyoda en commission parlementaire a marqué les esprits.

Le groupe nippon a accepté de régler des amendes record aux Etats-Unis. Il fait face en outre à des plaintes en nom collectif dénonçant des dizaines de décès liés aux défauts, bien que des erreurs de conduite soient à l’origine de certains accidents, selon des tests menés par les autorités américaines.

Dans ce pays, ses ventes ont stagné en 2010, année pourtant relativement faste pour le secteur qui s’est remis du trou d’air provoqué par la récession de 2008-2009.

« Nous avons eu de très bonnes ventes en Asie », a mis en exergue M. Nolasco.

Au Japon, son premier marché, Toyota (hors marques Hino et Daihatsu) a écoulé 14% de voitures supplémentaires, grâce au grand succès de son modèle hybride Prius (motorisation à essence et à électricité) qui caracole en tête des ventes dans l’archipel.

La firme a livré 19% d’automobiles de plus en Chine par rapport à 2009 et 24% dans les autres pays asiatiques. Ses ventes ont en revanche reculé de 11% en Europe, « un marché très difficile » actuellement pour la plupart des constructeurs à cause de la conjoncture économique qui y sévit, a poursuivi M. Nolasco.

Selon Mamoru Kato, économiste au centre de recherche Tokai Tokyo, le maintien du constructeur nippon sur la première marche du podium est « une bonne nouvelle pour l’entreprise ». « Mais la tendance montre que GM va vite doubler Toyota », a-t-il averti.

GM a en effet augmenté ses ventes mondiales de plus de 12% en 2010 (dont 29% en Chine) contre 8% pour Toyota. La firme de Détroit semble avoir le vent en poupe et sortir des difficultés qui l’avaient conduite à déposer son bilan en juin 2009.

En novembre dernier, GM est revenue avec succès en Bourse où elle a levé 23,1 milliards de dollars.

« Ce n’est sans doute plus le moment de grandir pour Toyota. Ses prévisions pour cette année ne sont pas si élevées », a ajouté M. Kato.

Toyota, toutes marques comprises, vise des ventes de 8,61 millions de véhicules en 2011, en hausse de 2% sur un an.

M. Kato a souligné que la crise des rappels continuait « d’affecter Toyota ». Aux Etats-Unis, « elle perd des parts de marché au profit des constructeurs américains et sud-coréens, et elle n’a pas pris de mesures énergiques du côté des marchés émergents », a-t-il expliqué.

Afin de tenter de retrouver la confiance des clients, Toyota a établi un nouvel organe de contrôle qualité en grande partie composé d’étrangers pour déceler au plus tôt les défauts, une structure inédite pour un constructeur souvent critiqué pour son tropisme nippon.

[Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés.->

Article précédentLes Yakuza menacés après des décennies d’impunité
Article suivantLe Premier ministre appelle encore à la réforme budgétaire