L’ambassadeur de Tunisie à Tokyo, Noureddine Hached, fils du leader du mouvement national d’indépendance tunisien assassiné en 1952, a déclaré aujourd’hui qu’il avait démissionné de son poste par solidarité avec la révolution en cours dans son pays. Interrogé par l’AFP, M. Hached a indiqué qu’il avait pris cette décision le 20 janvier et qu’il regagnerait la Tunisie le 15 février après avoir achevé la procédure prévue par le protocole diplomatique. « Le devoir m’appelle. Je prends cette décision par solidarité avec le peuple tunisien et ses martyrs », a-t-il dit dans une lettre adressée à sa hiérarchie.
M. Hached, 66 ans, est le fils aîné de Farhat Hached, qui avait fondé le 20 janvier 1946 la centrale syndicale tunisienne UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) et animait la résistance à l’occupation française en Tunisie jusqu’à son assassinat en décembre 1952. Questionné sur ses projets une fois de retour à Tunis, M. Hached a répondu qu’il était « tout à fait prématuré d’en parler pour le moment ». « L’important, c’est comment faire en sorte que cette révolution réussisse et continue à se dérouler dans la paix, comme un modèle et une référence, comme une révolution des jeunes Tunisiens pour construire la Tunisie du 21e siècle », a-t-il dit. « C’est un devoir pour tout Tunisien d’apporter sa contribution aujourd’hui. »
A propos de la plainte déposée en mars 2010 pour apologie de crime de guerre contre un ancien membre de La Main Rouge, une organisation secrète française, qui a légitimé l’assassinat de son père, M. Hached a déclaré qu’après un rejet en première instance, l’affaire avait été portée devant la cour d’appel la semaine dernière. « La cour d’appel va rendre son avis le 3 février. Nous sommes conscients qu’elle va la rejeter et ce sera une gaffe », a-t-il confié. « Cette affaire sera à l’ordre du jour de la révolution tunisienne et de tout gouvernement tunisien à l’avenir. On demandera des comptes à la France. Cela ne s’arrêtera pas. Il faut que le gouvernement français en prenne conscience. »
L’ambassadeur démissionnaire a indiqué qu’il avait adressé à ce sujet une lettre le 25 février 2010 au président français Nicolas Sarkozy.
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