Le Premier ministre japonais Naoto Kan a qualifié lundi d' »outrage impardonnable » la visite en novembre du président russe Dmitri Medvedev dans les Kouriles du Sud, des îles revendiquées par Tokyo.
Lors d’un discours à l’occasion de la journée annuelle consacrée à ce différend territorial, M. Kan a également promis de tout faire pour obtenir la restitution des quatre îles annexées par Moscou à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.
« Je vais négocier avec patience, avec une volonté inébranlable, conformément à la politique visant à résoudre cette question territoriale et à signer un traité de paix », a-t-il dit, cité par l’agence de presse Jiji.
Le 1er novembre 2010, M. Medvedev est devenu le premier chef d’Etat russe à visiter le sud des Kouriles, une chaîne d’îles battues par les vents qui s’étire du sud de la péninsule du Kamchatka jusqu’au nord-est du Japon.
Le gouvernement japonais avait été ulcéré par cette visite et avait rappelé pour consultations son ambassadeur à Moscou.
Le président Medvedev a réaffirmé en décembre que les Kouriles du Sud étaient « un territoire russe », mais a proposé à Tokyo dans un geste d’apaisement de créer une zone économique libre dans cette région. Depuis, d’autres ministres russes se sont rendus dans ces îles riches en or et en argent, mais surtout situées dans l’une des zones les plus poissonneuses du monde.
La dernière en date est celle du ministre de la Défense Anatoli Serdioukov qui a inspecté vendredi une division d’artillerie dans l’archipel.
Le ministre japonais des Affaires étrangères, Seiji Maehara, a condamné cette visite, la qualifiant d' »extrêmement regrettable » et de « douche froide ». L’ambassadeur de Russie au Japon a été convoqué et s’est vu signifier « une protestation ferme ».
Le gouvernement russe s’est déclaré « déçu » par la réaction du Japon.
Les autorités russes constatent que « Tokyo continue officiellement de commenter les visites aux Kouriles de représentants de l’Etat russe », a indiqué vendredi dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères.
« Le ministère a déjà réagi plusieurs fois à ces commentaires (…), nous sommes déçus par le fait que la partie japonaise réitère » ses déclarations, a ajouté le communiqué. M. Maehara, qui assistait lui aussi à la Réunion nationale pour exiger le retour des Territoires du Nord, organisée au siège du Premier ministre, doit se rendre à Moscou à partir de jeudi.
Il a promis de tout faire pour obtenir la restitution de ces îles, « même si cela doit me coûter ma carrière politique ».
« Je vais faire tous mes efforts pour transmettre la position du Japon, parvenir à une rencontre au sommet (entre MM. Kan et Medvedev) et trouver une solution aussi rapidement que possible », a-t-il ajouté, cité par l’agence Jiji.
Les îles de Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri ont été annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l’annonce de la capitulation du Japon. Peuplées d’environ 19.000 habitants pour une superficie totale de quelque 5.000 km2, elles sont depuis administrées par Moscou.
L’URSS, puis la Russie, ont offert à plusieurs reprises de rendre au Japon deux des îles, Habomai et Shikotan, les plus petites et inhospitalières, Moscou conservant Iturup (nom russe de Etorofu) et Kunashir (Kunashiri). Tokyo juge cette proposition inacceptable et continue d’exiger la restitution de tous les Territoires du Nord.
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