L’excédent des comptes courants du Japon a rebondi de 28,5% en 2010, les exportations redémarrant après deux années noires grâce à la demande des pays émergents et développés, a annoncé mardi le ministère des Finances.
L’excédent courant a atteint 17’080 milliards de yens (152,5 milliards d’euros) sur l’ensemble de l’année. Sa nette hausse intervient après de lourdes chutes de 34,3% en 2008 et de 18,9% en 2009, subies à cause d’un effondrement des ventes à l’étranger consécutive à la crise économique mondiale.
En 2010, ce bénéfice n’a toutefois pas retrouvé son niveau record atteint avant la crise (quelque 25’000 milliards de yens en 2007).
L’augmentation de ce profit l’an passé est dû quasi exclusivement à l’amélioration de la balance commerciale, qui a quasiment doublé son solde positif sur un an, à quelque 8000 milliards de yens (71,5 milliards d’euros).
Les exportations japonaises ont en effet grimpé d’un bon quart, à 63’920 milliards de yens, alors qu’elle n’avaient pas progressé depuis 2007. Ce nouveau dynamisme a tiré l’économie japonaise dans son ensemble, dopant une croissance handicapée par la déflation et une demande intérieure erratique.
Les ventes des firmes nippones ont notamment atteint un record en Chine, grosse consommatrice des machines japonaises pour la production d’énergie et la construction et, dans une moindre mesure, de semi-conducteurs et de voitures produites dans l’archipel.
Les automobiles Made in Japan se sont par ailleurs bien vendues vers les Etats-Unis.
Les importations ont aussi progressé, mais de seulement un cinquième, à environ 55’920 milliards de yens, l’essentiel de la hausse provenant de commandes supplémentaires en provenance des pays émergents.
« Le résultat confirme que les exportations du Japon se sont vigoureusement reprises grâce à l’amélioration de la conjoncture mondiale, et cette tendance devrait se poursuivre », a estimé Norio Miyagawa, économiste à Mizuho Research and Consulting, cité par Dow Jones Newswires.
Le compte des revenus, qui reflète les rendements des investissements japonais à l’étranger, a de nouveau dégagé un solide excédent l’an passé, de l’ordre de 11’640 milliards, mais ce profit s’est effrité d’un peu plus de 5%.
Le yen a en effet flambé à partir de l’été 2010, atteignant son plus haut niveau en quinze ans face au dollar et en neuf ans vis-à-vis de l’euro. Ce renchérissement diminue mécaniquement la valeur en yen des profits dégagés en monnaies locales sur des investissements à l’étranger.
Selon Yasuo Yamamoto, du Mizuho Research Institute, ce phénomène pourrait « limiter l’excédent des comptes courants à l’avenir, en dépit de la récente hausse des taux d’intérêt sur les obligations d’Etat à l’étranger ».
L’augmentation des prix des matières premières, dont le pétrole, pourrait en outre alourdir la facture des importations et réduire l’excédent courant, a-t-il ajouté.
Le ministère des Finances a par ailleurs annoncé qu’en décembre, l’excédent courant avait progressé de 30,5% par rapport au même mois de 2009, à 1195 milliards de yens (10,67 milliards d’euros).
Au cours de ce mois, la balance commerciale a dégagé un bénéfice de quelque 770 milliards de yens, soit près d’un quart de plus qu’un an plus tôt.
Les exportations ont en effet grimpé de 14% à plus de 5850 milliards de yens, tirées par les ventes de machines aux sidérurgistes chinois et au secteur du BTP américain et européen, et d’automobiles aux Etats-Unis et sur le Vieux continent.
Les importations japonaises n’ont dans le même temps grimpé que de 12,8%, légèrement au-dessus de 5080 milliards, avec des achats plus importants en provenance de Chine (produits chimiques, téléphones et appareils audiovisuels).
Les emplettes nippones ont en revanche diminué depuis les Etats-Unis et l’Union européenne.
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