TOKYO — La banque centrale du Japon (BoJ) a maintenu jeudi sa politique de taux zéro et décidé de nouvelles mesures monétaires pour contrer les effets négatifs du séisme et de l’accident nucléaire qui ont meurtri le pays et menacent fortement sa santé économique.
La BoJ reconnaît que le dynamisme de l’économie nippone est très affecté sur le front de l’offre et de la demande, à cause des effets du tremblement de terre suivi d’un tsunami le 11 mars et de la situation dans la centrale endommagée de Fukushima (nord-est), deux drames qui plombent l’activité des entreprises et le moral des acheteurs.
« L’économie japonaise est sous une forte pression, particulièrement sur le volet de la production industrielle », a écrit le comité de politique monétaire de l’institut d’émission, dans un communiqué au terme d’une réunion de deux jours.
« Elle va probablement être tirée vers le bas un certain temps, mais elle devrait ensuite revenir sur le chemin d’un regain modéré, quand la production reprendra de la vigueur, soutenue par les exportations sur fond d’amélioration de la conjoncture extérieure », a poursuivi la BoJ.
L’économie nippone était déjà fragile avant le séisme, ce qui a poussé la banque à maintenir depuis des mois son taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0,0% à 0,1%. Son comité de politique monétaire a voté jeudi à l’unanimité de conserver ce taux, qui, dans les faits, est nul.
La BoJ a aussi mobilisé des moyens pour acheter des actifs divers, dont certains considérés comme risqués, et mis en oeuvre tout un ensemble de mesures non conventionnelles pour faciliter la circulation d’argent, les octrois de prêts et l’investissement, dans le but notamment de soutenir la reprise et de contrer la déflation due à une offre trop abondante face à une demande insuffisante.
Depuis la catastrophe qui a dévasté le 11 mars la partie nord-est du Japon, faisant quelque 28.000 morts et disparus, la BoJ a injecté en urgence des milliers de milliards de yens (dizaines de milliards d’euros) dans le circuit interbancaire, afin d’éviter que les institutions financières locales ne soient à court d’argent.
Elle a de plus déjà étendu une première fois sa palette d’outils trois jours après le séisme, en décidant de consacrer 5.000 milliards de yens de plus à l’achat de bons du Trésor, d’obligations d’Etat ou d’entreprises et de titres de créances diverses.
Cette mesure additionnelle complétait des dispositions antérieures, portant à 40.000 milliards de yens (330 milliards d’euros) le montant prévu dans le cadre des dispositifs d’assouplissement quantitatif.
La BoJ a en outre décidé jeudi de proposer aux banques un moyen supplémentaire de financement bon marché, dont les modalités détaillées seront annoncées ultérieurement mais qui portera sur un montant de prêts de 1.000 milliards de yens (8,6 milliards d’euros) au taux de 0,1% sur un an.
« La banque a jugé nécessaire, lors de la réunion de ce jour, d’introduire un système d’apport de fonds qui permette aux institutions financières des zones sinistrées de bénéficier d’argent à long terme afin de prolonger leurs efforts initiaux pour faire face à la demande de moyens destinés à la reconstruction », a justifié l’institut d’émission.
La BoJ prévoit aussi d’élargir l’éventail de titres reçus en gage de prêts.
De nombreuses entreprises ont été affectées par les destructions d’usines, l’arrêt de la production de composants et matériaux essentiels, l’interruption des transports, la désorganisation des circuits logistiques ou encore des coupures d’électricité.
Le gouvernement estime que le coût des dégâts matériels (maisons, entreprises, infrastructures) provoqués par le désastre se situe dans une fourchette de 16.000 à 25.000 milliards de yens (130 à 205 milliards d’euros).
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