Automne en France rime souvent avec des températures qui baissent, des feuilles qui salissent les rues et début de la déprime. On sort les manteaux de demi-saison, on sent l’hiver qui approche, il pleut souvent et on regrette un été qui n’en était pas un, et un été indien qui en fait aura duré si peu de temps.
Qui prend le temps d’admirer le changement de couleur des arbres ?
En avons nous vraiment l’occasion pressés comme nous sommes de retrouver la chaleur du bureau le matin et celle de nos maisons quand vient la nuit tombée…
Les feuilles ne nous fascinent pas; elles nous importunent, rendues glissantes par la pluie on regrette que les employés n’aient pas bien fait leur travail et ne nous en aient débarrassés.
L’automne en France est souvent déprimant n’est ce pas ? C’est loin d’être ma saison préférée, c’est pourtant à ce moment que j’ai décidé de partir pour le Japon. Déjà parce que le prix des billets était abordable et surtout parce qu’il avait l’air de faire ni trop chaud, ni trop froid.
Quand je suis arrivée en ce début novembre, je n’ai pas eu l’impression que c’était l’Automne, il faisait doux, la plupart du temps beau et les arbres étaient tous d’un beau vert brillant. Les jours passant, ils ont commencé à prendre leurs habits de saison ; les feuilles de certains ont jauni, d’autres ont préféré revêtir un magnifique orange tandis que d’autres plus tape à l’œil n’ont pas hésité à sortir leur tenue rouge feu, certains de s’attirer tous les regards.
Si cette saison me laisse indifférente dans notre douce France, ici, c’est un spectacle qui se déroule sous nos yeux et même les natifs prennent le temps. Le week-end ou en semaine, selon leurs disponibilités, ils y vont pour se promener dans les parcs, jardins, etc. et admirer ce que l’on nomme Kôyô.
Il n’y a pas de traduction spécifique pour ce terme, la plus juste serait : » changement de couleurs des feuilles ». Mais cela manque sincèrement de poésie donc conservons le nom japonais.
Le début du Kôyô varie selon les régions (en général de mi-octobre à mi-décembre ) et son évolution est fluctuante. Le meilleur moment pour en apprécier la beauté reste fin novembre, début décembre. C’est le moment où les érables japonais quittent leur vert coutumier pour des couleurs un peu plus chatoyantes.
J’ai eu l’occasion de profiter de la beauté de ce phénomène lors de mes promenades au Shinjuku Gyoen, mais ayant lu que le parc Koishikikawa Koraku-en (arrêt Iidabashi, ligne JR Chuo Sobu) était un des meilleurs lieux de Tôkyô pour admirer le Kôyô, j’ai décidé, par un après-midi ensoleillé, de m’y rendre.
Le temps est capricieux, il aura suffit de quinze petites minutes de trajet pour que le ciel se couvre et plonge le parc dans une pénombre n’enlevant rien à la magnificence des lieux.
Captivée, j’ai entamé une promenade au son des shamisen (merci à mon mp3), prenant le temps d’aller dans tous les coins et recoins, nourrissant mon âme, essayant avec mon appareil de capturer la magie du décor.
Imaginez, vous êtes en forêt, entouré par de grands arbres, leurs branches sont chargées de feuilles d’un vert brillant, tellement chargées qu’elles laissent si peu passer la lumière. Il fait donc assez sombre mais cela ne vous empêche en rien d’admirer les lieux. Vous sentez renaître en vous votre âme d’enfant. Derrière cet arbre que se cache-t-il? Où devrais-je dire qui s’y cache? Y aurait-il des créatures mythiques comme au Shinjuku Gyoen ?
Mais pas le temps d’y songer plus longuement votre œil est déjà attiré par autre chose. Au milieu de tout ce vert, un arbre aux feuilles jaunes semble vous appeler. Il n’a pas peur de détonner parmi ses semblables, au contraire il semble fier de sa différence et vous ne pouvez vous empêcher de le prendre en photo.
La promenade continue, il y a tant à voir, tant à ressentir, tant à admirer qu’il est dur de savoir où aller.
Tout ce que vous savez c’est que vous voulez tout voir, les lacs, les petites traces même si pour cela il va falloir monter cet escalier. Vous patientez pour prendre des photos car bien sûr vous n’êtes pas le seul dans le parc.
Une heure s’est écoulée.
C’est à peine si vous l’aviez réalisé perdu dans tant de splendeur.
Vous continuez votre avancée, souriant, heureux d’être là, heureux d’être en vie, heureux que de telles choses existent et qu’il vous soit donné de les voir.
Un brise fraîche souffle dans les branches, il fait froid, les feuilles des arbres s’envolent semblant vouloir rejoindre le vent avec lequel elles partageront une dernière danse avant de se poser sur le sol. La température est-elle importante devant ce spectacle ?
Et comme si la vie avait décidé de vous gâter, le soleil vient se joindre à la fête et ce lac, ces collines, ces arbres que vous avez contemplés depuis un certain temps semblent renaître sous vos yeux. Nimbés par les rayons du soleil ils sont pareils mais pourtant tout autres !
Vous n’avez qu’une envie, recommencer la promenade du début pour voir ce qui a changé et en quoi. Mais le temps vous manque et là, au bout de ce chemin de traverse quelque chose vous appelle.
Pressant le pas vous courrez presque sans savoir pourquoi, poussé par l’instinct vous montez les quelques marches et vous vous arrêtez devant une scène tirée d’un rêve.
Au dessus de vos têtes des érables aux feuilles rouges rendues presque roses grâce au soleil, qui brillent comme des milliers d’étoiles. Il n’y a aucun mot qui puisse décrire ce que vous ressentez face à cela.
En tout cas je n’en ai trouvé aucun.
Le Kôyô au Japon m’a fait aimer l’Automne.
Je ne sais si l’année prochaine je l’aimerai toujours mais en ce moment, le simple fait de sortir et de voir les arbres me remplit d’une joie intense.
J’espère avoir pu rendre un peu de la magie des instants que j’ai vécu lors de cette promenade. Dans la prochaine chronique je vous raconterais mon premier échange franco-japonais !
A bientôt
lorsque nous lisons tes articles nous avons l’impression de voyager avec toi
merci d’écrire cette chronique
aman et marjorie
LU ET APPROUVÉ ! nous partons toujours à cette saison au Japon…pour nous c’est vraiment la saison idéale ! beauté des couleurs , douceur des températures …un été indien qui laisse le temps d’admirer , de s’extasier sur ces érables rouges , les gingkos jaunes …les parcs magnifiques ! encore une belle » habitude » des Japonais qui savent vivre en accord avec la nature …!
Merci pour cet article. :3
J’adore l’automne et j’aimerais beaucoup assister au fameux Kôyô.
Prend soin de toi, bisoux!
La floraison des cerisiers au printemps, le Kôyô en automne, ah je me demande quelle saison nous choisirons quand nous pourrons enfin y aller. Merci ma puce pour cette jolie ballade pleine de poésie, j’ai eu un instant l’impression d’y être aussi. Bisous et à très bientôt. TataNe.
Le « kôyô »… tes photos sont tellement belles et en vrai ça doit être splendide ! C’est étrange ce décalage des saisons ^^ ici en France c’est l’hiver est déjà bien installé (tu sais cette période où il fait assez froid pour neiger mais il ne neige pas encore donc c’est moche haha). Merci pour cette poésie vivante que tu nous a fait partager ! J’attends le récit de ton échange franco-japonais avec impatience 😉
J’avais vraiment l’impression d’être avec toi tout du long de la lecture. C’est superbe ce que tu nous décris. Moi qui aime tellement la nature, ça me fait vraiment quelque chose !! La magie a totalement fonctionné !
Merci senpai pour ce sublime article, parfaitement construit
C’était très poétique cette fois ci….
Merci Axelle et hâte à la prochaine chronique….