Ce dimanche 16 décembre, Shinzo Abe sort vainqueur des élections législatives anticipées du Japon. A la tête du Parti Liberal Démocrate (PLD), il connait une victoire écrasante.
Le PLD a remporté 275 à 300 sièges sur les 480 que compte la chambre basse des députés, tandis que le Parti Démocrate Japonais mené par Yoshihiko Noda, ancien premier ministre, ne conserve que 55 à 77 sièges (sur 308 en 2009). Le Jimintô (PLD) revient donc sur le devant de la scène politique, après seulement 3 ans d’opposition. Ce parti a dirigé le Japon quasiment sans interruption depuis la fin des années 1950 jusqu’à 2009. Yoshihiko Noda, grand perdant de ces élections, déclare démissionner du poste de secrétaire général du Parti Démocrate, car il « porte la responsabilité de cette défaite écrasante », et « déplore la perte d’autant de sièges ».
Shinzo Abe, ancien premier ministre (2006-2007) connu pour être un « faucon » en politique étrangère, est partisan d’un Japon décomplexé sur le plan international. Il est soucieux de la souveraineté japonaise et est très attaché à l’idéologie nationaliste. Il s’est empressé de prendre position par rapport aux îles Senkaku disputées avec la Chine, et s’est exprimé sur la chaîne de télévision privée NTV : « La Chine conteste le fait que ces îles sont une partie inhérente du territoire japonais. Notre objectif est de mettre fin à ces revendications ». Il ajoute par la suite « Nous n’avons pas l’intention de détériorer les relations entre le Japon et la Chine ». Il prévoit également la modification, voire la suppression de l’article 9 de la Constitution, qui empêche le pays d’avoir une armée et de se servir de la guerre comme moyen pour résoudre un conflit. Il partage cette idée avec Shintaro Ishihara, leader du parti d’extrême droite pour la restauration du Japon (PRJ). Shinzo Abe se place également contre l’abandon du nucléaire, qu’il considère comme ressource majeure du pays, alors que 70% de la population se dit contre.
Les Japonais sont très inquiets de la situation économique du pays. Affaiblit par la crise internationale, le Japon fait face à un yen vigoureux et une déflation persistante. Relancer l’économie et la croissance est une priorité pour le PLD, et un projet de réforme fiscale sera mis en place pour doubler la TVA d’ici octobre 2015. Des grands travaux du territoire sont également en projet, malgré la dette japonaise qui s’accumule (plus de 200% du PIB actuel). Ce sont majoritairement ces points-là qui ont amené la population à perdre leur confiance en Yoshihiko Noda. Les Japonais espèrent donc une politique économique plus énergique de la part du leader du PLD.
Sofia Ababou – sources: Le monde, The Japan Times