La compagnie d’électricité japonaise Chubu Electric Power a annoncé lundi qu’elle suspendait l’exploitation de sa centrale nucléaire de Hamaoka (centre), après une requête du gouvernement au nom de la sécurité des populations de cette région à forte activité sismique.

Nous avons décidé de suspendre l’exploitation des réacteurs 4 et 5 et de reporter le redémarrage du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Hamaoka, a déclaré le président de la compagnie, Akihisa Mizuno, au cours d’une conférence de presse.

L’unité 3 de cette centrale comportant cinq réacteurs est actuellement stoppée pour vérifications et les tranches 1 et 2 ont déjà été fermées.

Cet exploitant privé, qui produit et distribue du courant dans le centre de l’archipel, s’est conformé à une demande en ce sens du Premier ministre, Naoto Kan, qui l’avait appelé vendredi à arrêter cette centrale, avant de saluer sa décision lundi.

M. Mizuno a souligné qu’il considérait cette requête comme très sérieuse, même si la centrale répond aux normes parasismiques japonaises.

Deux mois après le début de la série d’avaries à Fukushima, provoquées par le séisme et le tsunami du 11 mars, M. Kan avait souligné qu’il existait 87% de chances qu’un tremblement de terre de magnitude 8 frappe la région de Hamaoka dans les 30 ans, selon des sismologues.

Il est nécessaire de mettre en place des mesures sur le moyen et long termes, en particulier la construction de murs de protection face à la mer, capables de résister à un tsunami géant, avait expliqué M. Kan.

Le gouvernement s’appuie sur la conclusion des contrôles exigés fin mars sur l’ensemble du parc nucléaire du Japon après l’accident de Fukushima.

Comme les autres centrales nucléaires nippones, Hamaoka est en bord de mer, du côté de l’océan Pacifique. Elle se trouve à une centaine de kilomètres de la région industrielle de Nagoya et à 200 km au sud-ouest de Tokyo.

La demande du Premier ministre répond à la crainte croissante du public vis-à-vis de l’énergie nucléaire, a noté M. Mizuno, ajoutant que sa compagnie allait renforcer les mesures contre les tsunamis et fournir des explications afin de regagner la confiance du public.

M. Kan avait souligné vendredi qu’un accident grave sur ce site pourrait avoir un énorme impact sur la société japonaise dans son ensemble.

La centrale est en effet située à proximité d’axes de transport stratégiques entre les deux poumons économiques de l’archipel, la mégapole de Tokyo (centre-est) et le Kansai (centre-ouest), où se trouvent les métropoles d’Osaka et de Kobe.

Les réacteurs de Hamaoka représentent l’équivalent de 15% de la production électrique de Chubu Electric Power, qui va devoir compenser ce manque par une augmentation des cadences dans d’autres centrales thermiques et l’achat de courant aux autres compagnies de l’ouest japonais.

Ceci devrait peser sur les comptes de l’entreprise, dont l’action a chuté lundi de plus de 10,3%, terminant à 1.584 yens à la Bourse de Tokyo.

Les autorités nippones ont toutefois promis d’aider financièrement la compagnie et M. Kan s’est engagé à tout faire pour éviter des problèmes d’approvisionnement dans les zones alimentées par Chubu Electric Power.

Une pénurie d’électricité serait préjudiciable à la troisième économie mondiale, nombre de constructeurs d’automobiles ayant des usines dans la région de centrale Nagoya.

Prompt à réagir, le numéro un de la première fédération patronale japonaise, le Nippon Keidanren, s’inquiète de fait de l’arrêt de ce site.

Je ne sais pas de quelle façon l’affaire a été étudiée (…), mais comment peut-on demander la suspension aussi soudainement ?, a déclaré à la presse Hiromasa Yonekura, selon les propos rapportés par l’agence Kyodo.

TOKYO- (©AFP / 09 mai 2011 15h42) – [Article original sur romandie.com->http://www.romandie.com/news/n/_Japon__une_centrale_nucleaire_a_l_arret_sous_la_pression_de_Naoto_Kan090520111505.asp]

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