Des ingénieurs japonais à la retraite veulent reprendre du service pour aider leur pays à surmonter la pire crise nucléaire depuis 25 ans, proposant de remplacer des collègues plus jeunes lors de missions délicates au sein de la centrale de Fukushima.

Plus de 160 ingénieurs âgés d’au moins 60 ans se sont portés volontaires pour participer au Corps des vétérans qualifiés, afin de réparer les systèmes de refroidissement des réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi (n°1), sérieusement endommagée depuis le séisme et le tsunami du 11 mars.

Nous ne devons pas laisser ce travail aux seules mains de jeunes ingénieurs, déclare Yasuteru Yamada, à l’origine de cette initiative.

L’idée lui est venue après avoir entendu que de jeunes travailleurs sous-traitants, dont des ouvriers non qualifiés, avaient été envoyés sur les lieux pour tenter de réparer les dégâts.

Les jeunes gens, notamment ceux qui ont des enfants, ne devraient pas être exposés aux radiations, estime M. Yamada, 72 ans, un ancien ingénieur qui travaillait à la construction d’usines chez Sumitomo Metal Industries.

Il propose au gouvernement d’autoriser un groupe indépendant d’ingénieurs qualifiés de plus de 60 ans à se rendre sur le terrain pour réparer les systèmes de refroidissement.

Actuellement, plus d’un millier de personnes, dont des sous-traitants, travaillent sur le site de la centrale, où des niveaux élevés de radiation ont été détectés à plusieurs reprises depuis l’accident du 11 mars.

La compagnie d’électricité Tepco, opérateur de Fukushima Daiichi, s’est donné jusqu’à janvier pour parvenir à maintenir durablement sous 100 degrés celsius la température des réacteurs. Mais des experts estiment qu’il faudra dix ans pour démanteler la centrale, située à 220 km au nord-est de Tokyo.

Yasuteru Yamada réfute la comparaison avec les escadrons de kamikaze qui acceptaient d’aller s’écraser contre les navires de guerre américains pendant la Deuxième guerre mondiale.

Tout le monde a peur de la mort. Moi aussi, déclare à l’AFP l’ingénieur. Les équipes devront travailler selon de strictes consignes de sécurité et avec l’aval du gouvernement, ajoute-t-il.

Masahiro Ueda, 69 ans, ancien employé d’une centrale nucléaire, s’est lui aussi porté volontaire. On ne peut pas travailler sérieusement dans une centrale nucléaire sans une certaine expérience, déclare ce spécialiste des systèmes de refroidissement, qui a 40 ans de carrière.

Je suis vieux et je me fiche de savoir quand je vais mourir, ajoute l’homme, qui veut consacrer ses dernières années aux réparations des réacteurs.

L’équipe travaillerait en collaboration avec Tepco, précise M. Yamada. Il souhaite entamer les discussions le plus rapidement possible.

Tepco n’a pas souhaité commenter cette initiative, qui a reçu le soutien de plusieurs députés.

Nous réfléchissons à une loi permettant la mise en oeuvre de ce projet, a déclaré Hiroe Makiyama, député et membre du Parti démocrate du Japon (centre-gauche, au pouvoir).

Le gouvernement a été plus mesuré.

Nous leur en sommes reconnaissants et saluons leur action, a déclaré, selon la presse locale, Goshi Hosono, le conseiller spécial du Premier ministre chargé de la crise. Mais nous avons pour principe de nous conformer aux procédures qui ne réclament pas de tels +groupes suicide+, a-t-il ajouté.

Beaucoup de tâches à la centrale de Fukushima ne demandent pas une expertise nucléaire particulière, souligne Naoyuki Takaki, professeur d’ingéniérie nucléaire à l’université Tokai à Kanawaga.

Mais puisque les expositions aux radiations par personne sont strictement limitées, un grand nombre de travailleurs devront être appelés car l’opération va prendre beaucoup de temps, a-t-il ajouté.

TOKYO – (©AFP / 25 mai 2011 09h35) -[ Article original sur romandie.com->http://www.romandie.com/news/n/_Des_ingenieurs_a_la_retraite_sont_prets_a_reprendre_du_service_a_Fukushima250520110905.asp]

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