Le scénariste de manga, Eiji Otsuka, était présent au Toulouse Game Show (TGS) le samedi 30 novembre et le dimanche 1er décembre pour sa masterclass.
Il est connu en France comme scénariste de MPD Psycho (dessin de Shôu Tajima) et de Kurosagi livraison de cadavres (dessin de Hôsui Yamazaki). Cependant son travail, au Japon, ne se limite pas à écrire des scénarios de manga, il est également auteur de « Light novel », éditeur, spécialiste du folklore nippon et professeur au Centre national de la recherche internationale pour la japonologie (International Research Center for Japanese Studies).
Sa masterclass au TGS consistait en un atelier de création de manga afin d’apprendre à réaliser un storyboard. Selon lui, la caractéristique principale du manga japonais n’est pas forcément le style de son dessin, mais plutôt le découpage et le cadrage des cases. Il insiste sur le côté « cinématographique » du manga et explique comment il a essayé de ressembler au cinéma et à l’animation de l’époque, depuis les années 1920 jusqu’à nos jours. Il considère que le manga, le cinéma et l’animation sont des médias très proches au Japon et qu’il y a toujours eu des influences entre les trois. Il évoque comme exemple Hayao Miyazaki, réalisateur du film d’animation de Nausicaä et auteur du manga du même nom.
Otsuka essaie aussi de démythifier l’idée de Osamu Tezuka comme Dieu du manga. Il a étudié l’histoire du manga des années 1920 jusqu’à 1945, année de la défaite du Japon. Et il a constaté que l’origine du manga moderne ne serait pas à chercher dans les rouleaux médiévaux comme le « Chôjû Giga » ni dans les estampes « Ukiyo-e » de l’époque d’Edo, mais dans un film d’animation de propagande intitulé « Momotarô le divin soldat de la mer »(1945).
Otsuka a observé dans ce film d’animation deux esthétiques aux origines étrangères : le style de dessin du personnage proche de Disney ainsi que la théorie du montage inspirée du réalisateur russe Sergei Eisenstein.
Tezuka a vu ce film alors qu’il avait 16 ans et a été profondément influencé pour la création de ses œuvres. Les critiques de manga au Japon considéraient Tezuka comme le fondateur de manga japonais actuel et ont longtemps cru au mythe de Tezuka comme Dieu du manga. Mais Otsuka essaye de démythifier ce personnage en nous montrant le côté historique du développement du manga entre les deux guerres mondiales.
La venue d’Otsuka au TGS fait partie de son projet « L’École mondiale du manga » dont le but est d’enseigner la création du manga partout dans le monde. Il s’est déjà rendu en Chine, en Corée du Sud, au Canada et à Singapour pour sa masterclass. La France est donc le premier pays d’Europe à avoir accueilli « L’École mondiale du manga » grâce à l’école toulousaine de manga « Toulouse Manga ».