Le second et dernier otage japonais détenu par l’État Islamique (EI), le journaliste Kenji Goto, a été décapité, comme les autorités japonaises ont pu l’observer dans une vidéo diffusée par les terroristes.
Le gouvernement japonais est resté ferme face aux membres de l’EI en ne cédant pas à leurs exigences. Les terroristes l’ont été tout autant en mettant leur menace à exécution. Le Premier ministre Shinzô Abe, en réponse à ces actes, a indiqué qu’ils étaient « impardonnables » et qu’il allait « travailler en coopération avec la communauté internationale pour punir ces crimes ». Il a aussi rajouté qu’il prendrait les mesures nécessaires pour protéger les citoyens japonais, que ce soit à l’intérieur du pays ou hors de ses frontières. Le Premier ministre a aussi tenu à remercier les leaders des pays étrangers et amis du Japon qui ont apporté leur aide afin de tenter de libérer l’otage. Il s’est adressé tout particulièrement au roi de Jordanie, Abdullah II, qui a lui-même apporté son soutien au Japon et qui continue de travailler à la libération d’un pilote jordanien, lui aussi aux mains l’EI.
Les terroristes ont précisé qu’ils feraient subir le même sort aux prochains Japonais qu’ils croiseraient, ramenant ainsi sur le tapis un débat récurrent lors de tels évènements : doit-on laisser les journalistes se rendre dans des zones à risques? Si ce débat s’ouvre une nouvelle fois au Japon dans les sphères journalistiques et politiques, le gouvernement réitère sa volonté de protéger les journalistes en tentant de les dissuader de se rendre dans des pays aux situations très instables. Cependant, les journalistes ont des avis plus partagés, entre ceux qui suivent les directives du gouvernement à la lettre et ceux qui passent outre, n’hésitant pas à mettre en péril leur vie afin de tenir la population des avancées du conflit. Taku Nishimae, l’instigateur de la mobilisation « Je suis Kenji » sur les réseaux sociaux une semaine avant la mort de celui-ci, se positionne de manière marquée pour la seconde option. « Ces réalités ne sont pas très bien mises en lumière, même maintenant. Si, à cause de la mort de Goto, les gens arrêtent de faire des reportages dans ces pays-là, on continuera à rester dans l’ignorance ».
Les journalistes, héraut, héros ou simplement des personnes qui font leur travail de leur plein gré en assumant les responsabilité qui leur incombent?
Notre époque déteste le mot « responsable », c’est un mot qui fait peur à notre société pusillanime. Les dessinateurs de Charlie Hebdo se déclaraient « irresponsable » mais malheureusement pour d’autres personnes, ils étaient responsables de leurs actes et de leurs paroles et cette responsabilité est devenu pour nous incompréhensible à cause du décalage entre les différentes civilisations qui sont mises en contact direct par les moyens de transports modernes et l’instantanéité de l’information.
Pour dire les choses plus simplement, tous les habitants de la terre vivent dans le même temps réel mais pas à la même époque.
Nous avons oublié qu’il y a seulement un siècle en France, une offense, une injure pouvait conduire au duel, nous oublions que c’est ce qui se passe encore actuellement dans la population hors la loi, dans les gangs des banlieues et les marginaux.
Même dans nos pays que nous disons hautement civilisés, il y a deux façons de penser la violence, il y a ceux qui pensent que c’est l’Etat qui a le monopole de la violence et de la justice et ceux qui pensent que la violence et la justice leur appartient.
C’est l’irruption de cette appropriation de la violence dans notre quotidien réglé par les conventions de l’Etat qui nous choque et nous plonge dans l’incompréhension et la perte de nos repères.
Pour donner un exemple de la violence contre la presse, il a 100 ans, en mars 1914, le directeur du Figaro, Gaston Calmette était assassiné par la femme du ministre des finances radical socialiste Joseph Caillaux, car le journal avait fait une campagne de presse contre le ministre. Le procès acquittera madame Caillaux, son mari est constraint de démissionner mais est réélu député deux mois plus tard.
Imagine-t-on la même scene aujourd’hui?
Les journalistes qui vont sur les théâtres d’opérations, qui vont au coeur des guerres, le font de leur plein gré, ils ne sont pas obligés d’y aller, ils prennent leur responsabilité. Ils sont des mercenaires de l’information, c’est à dire que c’est leur métier et qu’ils gagnent leur vie de cette façon.
De héraut, de messager et annonceurs de nouvelles, il ne deviennent des héros seulement parce que notre époque à divinisé les médias qui ont de fait les attributs divins, la toute puissance, l’ubiquité et l’éternité mais aussi il deviennent des héros parce que nous avons besoin qu’ils meurent pour nous servir de modele dans nos sociétés qui ne croient qu’a ce qu’elles voient.