Dans un discours à la Diète datant du 16 février, le Premier ministre japonais Shinzô Abe a insisté sur la nécessité d’autoriser les forces d’autodéfense (FAD) à opérer hors des limites nationales.
« Le japon fait face à des risques sérieux que l’on ne peut ignorer, comme si le pays avait été attaqué directement. […] Il est important d’assurer une réponse sans entrave pour n’importe quelle situation ». Cette déclaration de Shinzô Abe intervient dans un contexte de troubles parmi l’opinion publique depuis l’assassinat du journaliste Kenji Goto et de l’entrepreneur Haruna Yukawa par l’État Islamique. Le Premier ministre a appuyé la création d’une législation permettant aux FAD d’être déployées à tout moment à l’étranger. Abe s’appuie sur des arguments sécuritaires pour l’élaboration de ce projet mais aussi sur des arguments économiques.
Plus particulièrement, il souligne la situation du détroit d’Ormuz : « si des mines (sous-marines, ndr) étaient placées dans le détroit d’Ormuz, cela pourrait paralyser l’économie mondiale […] et plonger le Japon dans une crise énergétique ». Pour Shinzô Abe cette route est « d’une extrême importance » car c’est par laquelle transiterait « 80% du pétrole et 20% du gaz naturel importés au Japon ». Le Premier ministre a alors proposé une présence japonaise pour des opérations de déminage maritime préventive du détroit d’Ormuz. Natsuo Yamaguchi, Président du Kômeitô (parti membre de l’alliance au pouvoir), a cependant déclaré que « la menace sur les intérêts économique japonais n’était pas une raison suffisante pour justifier de telles opérations ». Cela montre bien que même au sein de la majorité, les avis sur la question divergent.
Le Premier ministre a tenu à rassurer les membres de la Diète sur d’éventuelles prétentions militaires aux Moyen-Orient, assurant que le gouvernement japonais n’apporterait qu’une assistance aux pays modérés autour des zones contrôlées par l’état islamique. Par ailleurs, Abe s’est exprimé sur la révision de la constitution, garantissant « un approfondissement du débat » sur cette question.