Donald Trump, candidat à la Maison Blanche, a récemment intensifié ses attaques contre le Japon. Il veut remettre l’état des relations économiques entre les États-Unis et son allié nippon au cœur du débat.

Donald Trump dans le New Hampshire en août 2015 (© Michael Vadon)
Donald Trump dans le New Hampshire en août 2015 (© Michael Vadon)

À quelques mois des élections, le candidat du Parti Républicain, Donald Trump, poursuit son inexorable ascension lors des primaires. Rien ne semble l’arrêter pas même ses nombreuses prises de parole dont la virulence ne fait que croître.

Les médias français n’en finissent d’ailleurs plus de relayer les frasques du milliardaire new-yorkais. Il est vrai que chaque meeting, chaque débat est prétexte à son lot de phrases saillantes. Trump ne manque décidément pas d’inspiration et n’hésite jamais à s’attaquer avec véhémence aux personnes, pays, ethnies qui constitueraient à son sens une « menace » pour les États-Unis. Il a fréquemment mentionné son mépris pour la Chine ou le Mexique, mais le Japon est également une cible privilégiée de l’extravagant candidat, au point que le gouvernement et le peuple japonais suivent de très près la campagne américaine, inquiets au vu des victoires multiples du camp Trump.

Le fait n’est pas nouveau. Voilà des années que Donald Trump dénigre le Japon pour un point précis qu’il ressasse continuellement et qui se trouve être la balance commerciale du Japon vis-à-vis des États-Unis. Le favori des primaires républicaines accuse le Japon d’avoir manipulé le cours de sa monnaie ces dernières années et de profiter de traités commerciaux inégaux dans le but de rendre les produits nippons plus compétitifs que ceux des États-Unis. Trump affirme que de nombreux emplois sont menacés (voire « volés » par le Japon pour reprendre ses termes) et que la balance commerciale du Japon vis-à-vis de son partenaire américain est excédentaire de plus de 100 milliards de dollars par an. Un chiffre exagéré comme le rapporte le Département de commerce des États-Unis, et qui est officiellement de 69 milliards en 2015. La récente signature de l’Accord de partenariat transpacifique (TPP), que le milliardaire critique, ne fait que le conforter dans ses idées.

Les propos de Donald Trump agacent aussi bien les spécialistes de l’économie japonaise que les Japonais eux-mêmes. Ils voient dans ces accusations le retour du « Japan Bashing » des années 1980, décennie durant laquelle le Japon faisait surgir de nombreuses inquiétudes en Occident, relatives à son appétit économique et à une croissance au beau fixe. Seulement, la situation a bien évolué depuis la crise des années 1990 alors que le discours du candidat à la Maison Blanche n’a pas changé.

Interrogé par l’Agence Kyodo, James Schoff, spécialiste des relations nippo-américaines, estime qu’une victoire de Trump durant ces primaires républicaines suffirait à affecter durablement l’entente entre les deux États. De plus, il est nécessaire d’ajouter que d’autres candidats à la présidence des États-Unis ont critiqué le Japon durant cette campagne. Hillary Clinton à titre d’exemple a également émis ses réserves sur l’intérêt du TPP pour les États-Unis.

Ainsi, peu importe qui sera élu à la précieuse fonction en novembre 2016, il sera nécessaire pour les officiels japonais de s’interroger sur la posture à adopter avec le futur chef d’État américain.

Hugo Pelet – sources : Japan Today, The Japan Times, The New York Times, US Department of Commerce

 

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