Le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis ont organisé un exercice de défense anti-missiles balistiques sans précédent, afin de préparer les forces armées des trois pays contre la menace nucléaire grandissante que représente la Corée du Nord.
Alors que la Corée du Nord a effectué des essais de tirs de missiles balistiques dans la mer du Japon il y a moins d’une semaine, les États-Unis et ses deux alliés asiatiques (Corée du Sud et Japon) ont conclu ce mardi 28 juin leurs exercices d’entraînement, qui ont duré 8 jours, dans les eaux hawaïennes.
Peu après les tirs, qui se sont déroulés au milieu des exercices trilatéraux, le leader de la Corée du Nord Kim Jong-Un a salué ces essais balistiques comme étant une menace contre les bases américaines situées dans le Pacifique, et a déclaré que les exercices des trois pays étaient une « provocation militaire ».
Les exercices trilatéraux bisannuels « Pacific Dragon » incluaient cette fois-ci une opération de traque de cible balistique afin de tester les systèmes anti-missile Aegis qu’utilisent les trois alliés. « Bien qu’aucun missile n’ait été tiré, tous les participants ont renforcé leur interopérabilité, canaux de communication, collecte de données, et évaluation de capacités », a déclaré le Commandement américain du Pacifique (PACOM), basé à Hawaï.
Ces exercices ont eu lieu au large de l’île de Kauai (Hawaï), et comprenaient entre autres le destroyer des Forces d’Auto-défense japonaises JS Chokai, qui peut intercepter les missiles, deux destroyers américains et deux coréens aux capacités semblables.
La manœuvre militaire était d’une importance toute particulière pour le Japon et la Corée du Sud, car ces deux pays asiatiques émergent encore d’un long gel diplomatique. Celui-ci avait jusqu’alors sapé les efforts américains pour faire front commun face au programme d’armes nucléaires de Pyongyang.
Ces exercices, dont le but premier était de se préparer à une éventuelle attaque de missiles nord-coréens, ont aussi permis « d’améliorer la relation déjà forte entre les trois nations participantes », comme l’a déclaré le vice-amiral Nora Tyson, commandante de la Troisième Flotte de la Marine américaine.
Le ministère des Affaires étrangères nord-coréen a qualifié la manœuvre de « nouvelle provocation militaire perpétrée par les États-Unis », et a réitéré sa volonté stratégique de porter une « attaque nucléaire préventive » en cas de menace. Selon l’agence de presse nord-coréenne, un porte-parole du ministère aurait déclaré que la participation des trois pays révélait leur « scénario hégémonique pour troubler la pays régionale et la sécurité ».
Le secrétaire de la Défense des États-Unis, Ashton Carter, a déclaré la semaine précédente que les tests de tirs de missiles nord-coréens soulignaient la nécessité de renforcer les défenses anti-missiles afin de protéger les troupes américaines stationnées en Corée du Sud et au Japon.
Séoul et Washington sont actuellement en train de débattre sur le déploiement du système de missiles anti-balistiques américain THAAD en Corée du Sud, auquel la Chine et la Russie sont fermement opposés. La manœuvre de mardi 28 a délivré un message clair à la Chine, alors que Washington et Pékin continuent de jouer des coudes pour asseoir leur influence sur l’Asie.
Les exercices « Pacific Dragon » ont eu lieu juste avant le début du « Rim of the Pacific » (RIMPAC), le plus grand exercice maritime du monde. Celui-ci débutera jeudi 30 juin et durera jusqu’au 4 août, et se tiendra dans et autour des îles d’Hawaï et du sud de la Californie.
Cette année les trois alliés y prennent part, de même que de nombreux autres pays : Allemagne, Australie, Brunei, Canada, Chili, Chine, Colombie, Danemark, France, Grande-Bretagne, Inde, Indonésie, Italie, Malaisie, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Singapour, Thaïlande et Tonga.