TOKYO (AFP) — La Haute Cour de Tokyo a confirmé vendredi en appel la peine de deux ans et demi de prison ferme infligée au symbole déchu de la « nouvelle économie » et ex patron du portail internet Livedoor, Takafumi Horie, reconnu coupable de fraudes comptables et de manipulation de cours.

La Cour a confirmé le jugement du tribunal de première instance de Tokyo qui avait, en mars 2007, condamné M. Horie, 35 ans, pour avoir truqué les comptes de sa société afin de transformer une perte en bénéfice, et diffusé de fausses informations visant à manipuler le cours d’une action.

« Le condamné a un sens moral inconstant et manque totalement de bonne foi et de courtoisie », a affirmé en rendant son verdict le président de la Cour Tetsuji Nagaoka, affirmant que M. Horie avait agi avec « intention criminelle ».

M. Horie a toujours nié les faits qui lui étaient reprochés et s’est dit victime d’un complot de l’establishment japonais. Mais il a été accablé lors du procès en première instance par son ex directeur financier Ryoji Miyauchi, lequel a accepté de plaider coupable et de décrire par le menu les fraudes auxquelles il a participé en échange d’une peine plus légère.

La Cour a qualifié de « hautement crédible » le témoignage de M. Miyauchi, qui avait écopé dans un procès séparé en mars 2007 de vingt mois de prison ferme.

Takafumi Horie a été condamné pour avoir embelli les comptes de Livedoor au moment où le groupe s’apprêtait à lancer une offre publique d’achat hostile (et finalement avortée) sur la chaîne de télévision Fuji TV.

Livedoor avait ainsi annoncé un bénéfice net de 1,4 milliard de yens (8,3 millions d’euros au taux actuel) pour son exercice clos au 30 septembre 2004, alors qu’il avait en réalité subi une perte d’un milliard de yens.

M. Horie a également été condamné pour avoir, toujours en 2004, orchestré une complexe opération de manipulation de cours afin de faire grimper en Bourse le cours du titre Livedoor.

Outre MM. Horie et Miyauchi, trois autres dirigeants de Livedoor et deux experts comptables avaient été condamnés l’an dernier à des peines de prison ferme ou avec sursis pour leur participation à ces fraudes.

Le « scandale Livedoor » avait éclaté en janvier 2006. L’arrestation de Takafumi Horie, jeune « gourou » de la nouvelle économie haï par l’establishment patronal, mais adulé par une partie de la jeunesse nippone, avait sidéré le Japon et provoqué un vent de panique à la Bourse de Tokyo.

Avant sa chute, M. Horie, célèbre pour ses tenues décontractées et son train de vie fastueux, se vantait d’être capable, un jour, de racheter le géant de l’électronique Sony. Courtisé à l’époque par le Premier ministre libéral Junichiro Koizumi, il avait brigué sans succès un siège de député aux élections de 2005.

M. Horie avait été libéré sous caution en mars 2006 après trois mois de détention préventive. Il ne s’est pas présenté vendredi devant la Haute Cour pour entendre le verdict. Ses avocats ont annoncé qu’ils allaient se pourvoir en cassation devant la Cour suprême du Japon.

L’un de ses avocats, Yasuyuki Takai, a fustigé les opinions émises sur M. Horie par le président Nagaoka dans son verdict. « Le fait que ses opinions personnelles transparaissent dans l’arrêt démontre que ceci n’est pas un procès digne d’une nation moderne », a-t-il critiqué.

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