TOKYO (AFP) — La Banque du Japon (BoJ) a abaissé mardi ses prévisions de croissance pour la deuxième fois en moins de trois mois, en s’inquiétant d’une panne de la consommation et de l’investissement ainsi que de l’accélération de l’inflation dans la deuxième économie mondiale.
Prenant les marchés par surprise, la banque centrale a annoncé à l’issue de sa réunion de politique monétaire qu’elle ne tablait plus que sur un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,2% pour l’année budgétaire 2008-2009, qui s’étend d’avril à mars, et de 1,5% en 2009-2010.
Dans ses dernières prévisions, publiées fin avril, la BoJ s’attendait à une croissance de 1,5% en 2008-2009 et de 1,7% en 2009-2010. Ces prévisions avaient déjà été revues à la baisse par rapport aux précédentes annoncées en octobre.
« La croissance économique poursuit son ralentissement, reflétant une plus faible augmentation des investissements des entreprises et de la consommation privée en raison des prix élevés de l’énergie et des matières premières », a expliqué la Banque du Japon dans un communiqué.
« Les marchés financiers mondiaux restent instables, et il existe des risques pour l’économie américaine et mondiale. De plus, l’affaiblissement des revenus dû à l’envolée des prix des matières premières pourrait peser sur la demande intérieure privée » au Japon, a-t-elle averti.
La BoJ a toutefois précisé que la deuxième économie mondiale « devrait graduellement revenir sur le chemin d’une croissance modérée » ultérieurement.
Elle a également relevé ses prévisions d’inflation. Elle s’attend désormais à une hausse des prix à la consommation hors produits frais de +1,8% en 2008-2009 (au lieu de +1,1%) et de +1,1% en 2009-2010 (au lieu de +1,0%).
« Les pressions inflationnistes sont en train de s’accroître dans le monde », a averti la banque centrale, selon qui ce phénomène « pourrait peser sur la demande intérieure » au Japon.
La révision de ces prévisions était inattendue. Jusqu’à présent, la banque centrale ne publiait de prévisions chiffrées que deux fois par an, fin avril et fin octobre. Elle se contentait entre-temps d’annoncer ses décisions de politique monétaire par des communiqués laconiques.
Désormais, a fait savoir la BoJ, des prévisions de croissance seront également données en janvier et en juillet, et la banque centrale expliquera par écrit toutes ses décisions de politique, comme le font déjà la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed).
Cet effort de transparence intervient trois mois après l’arrivée à la BoJ d’un nouveau gouverneur, Masaaki Shirakawa, 58 ans.
Le comité de politique monétaire a par ailleurs décidé mardi, sans surprise et à l’unanimité des sept membres présents, de maintenir son taux directeur inchangé à 0,50%, niveau auquel il se trouve depuis février 2007.
« Les risques pour la croissance font qu’aucun changement de politique monétaire n’est probable d’ici la fin de l’année », a commenté Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities, selon qui « la BoJ a les mains liées ».
Même si le Japon connaît actuellement son taux d’inflation le plus fort en plus de quinze ans (+1,5% en mai), celui-ci s’explique quasi-exclusivement par la flambée des prix de l’énergie : en excluant ces derniers, les prix à la consommation s’affichent en baisse de 0,1% en mai.
Un relèvement des taux d’intérêt serait donc inopérant contre cette inflation « importée », et de surcroît fort malvenu en ces temps de ralentissement économique.