Mardi 5 février est sorti le cinquième volume des compilations Kitsuné, une jeune marque parisienne qui essaime à Tokyo, Londres et New York. A tel point qu’elle a organisé une tournée, le Kitsuné Maison Tour, qui a débuté le 1er février au Bataclan, à Paris, et ira au Japon.
Kitsuné a été fondé en 2002 par un Français, Gildas Loaec, et un Japonais architecte de formation, Masaya Kuroki, qui a trouvé le nom de Kitsuné, « le renard » en nippon. Le tandem est doué pour repérer les avant-gardes, les groupes qui vont marcher, à la frontière de l’électronique et du rock : Hot Chip, Klaxons, Architecture in Helsinki, Digitalism ou Pin Me Down (ces deux derniers figurant sur la compilation 2008).
Les DJ deviennent rapidement aussi branchés que les 2 Many DJ’s, deux types de Gand qui savent jongler avec les succès passés de la musique noire et du rock blanc, autant que la dance. Les soirées Colette et les mixes plébiscités par une impressionnante brochette de « fashion victims » font des 2 Many DJ’s des stars européennes du clubbing du tout début du second millénaire.
Les concepteurs de Kitsuné s’y prennent autrement. Entre 2002 et 2004, bien du haut débit a coulé sous les ponts, MySpace est rentré dans les moeurs et les techniques de communication ont définitivement adopté les lois de la Toile, serpentine et tissée en réseau. Les rusés Kitsuné nagent dans un univers de blogs et de gratuité pour distribuer des CD.
Pour tisser leurs contacts, ils mixent en club partout dans le monde. Pour construire leur marque, ils travaillent avec les graphistes londoniens de l’Abake Studio. « L’identité visuelle est fondamentale », selon Gildas Loaec, 32 ans, dont dix passés à inventer des nouvelles manières de vendre la musique avec le duo Daft Punk.
Ainsi se crée une « maison », qui commence en musique et se prolonge par une ligne de vêtements marqués d’un petit renard. En mars, Kitsuné devrait ouvrir sa première boutique, rue de Richelieu, près de l’Opéra, à Paris.
Pas d’effets de manches ou de délires futuristes, mais de petits cols en V, des jeans et des chemises bleues. A ceux qui dénoncent une moquerie hors de prix, les impudents répondent par la valeur de « la ligne classique, les matières, la maille » : « Nous achetons des jeans au Japon, car on y trouve les machines qui servaient à leur fabrication aux Etats-Unis dans les années 1940. Avec les vêtements, les bougies, les tables, la musique, nous créons un lien affectif avec les gens qui nous achètent. »
Kitsuné Maison 5, 1 CD Kitsuné.
Tournée Kitsuné Maison Tour : le 7 février à Toulouse (Le Ramier), le 8 à Lyon (La Plateforme, soirée Echos sonores), le 9 à Bordeaux (Le 4 Sans).
Véronique Mortaigne
Source : LeMonde.fr