Des raviolis surgelés importés de Chine ont provoqué plusieurs centaines de cas d’intoxication alimentaire. Pour la presse japonaise, il est urgent de faire toute la lumière pour éviter que le doute ne se transforme en colère à l’égard des fabricants chinois.
La liste des produits « made in China » qui posent problème ne cesse de s’allonger. Cette fois, ce sont des raviolis surgelés importés de Chine par JT Foods, une filiale de Japan Tobacco, qui contenaient de l’insecticide à base de phosphate et qui ont provoqué une série d’intoxications alimentaires chez plusieurs centaines de personnes, dont des enfants. En plus de renforcer la méfiance des Japonais vis-à-vis des produits alimentaires chinois, cette obscure affaire vient rappeler les risques structurels qu’encourt un gros importateur de denrées alimentaires comme le Japon [le pays n’est autosuffisant qu’à 40 %].
Notre intention n’est cependant pas d’attiser inutilement les inquiétudes et de pousser au boycott de ces produits. Néanmoins, si aucune mesure n’est prise pour élucider de manière transparente les causes et le déroulement de cette affaire, et pour empêcher qu’un tel incident se reproduise, les doutes vont engendrer la peur. Les autorités chinoises doivent en être pleinement conscientes et collaborer avec le Japon, pour que la lumière soit faite et que la situation s’améliore.
En général, les problèmes de sécurité alimentaire ont trois types de causes : présence de résidus d’insecticide provenant de la culture, altération ou introduction de corps étrangers pendant le processus de transformation, et falsification d’informations pendant la distribution. En ce qui concerne l’affaire en cours, les autorités japonaises, et en particulier la police des préfectures de Chiba et de Hyogo [où se trouvent la majorité des victimes] et le ministère de la Santé et du Travail, ont exclu la possibilité que l’insecticide provienne des matières premières, car il ne résiste généralement pas à la cuisson. Elles privilégient la thèse d’une introduction de cette substance dans les raviolis pendant leur confection à l’usine de la société Tianyang, en Chine.
Cependant, comme on n’utilise pas d’insecticide à proximité de la chaîne de production, il est a priori impossible qu’il se soit mélangé aux raviolis. Il convient donc de vérifier scrupuleusement si la société chinoise a procédé à l’inspection des raviolis avant de les exporter et si JT Foods a effectué les contrôles de qualité d’usage quand ils sont arrivés au Japon.
Aujourd’hui, le Japon est fortement tributaire des produits alimentaires chinois. Selon une enquête de la Fédération des produits surgelés du Japon, le volume d’importation des aliments préparés surgelés en provenance de Chine a quintuplé entre 1996 et 2006 au rythme annuel de 10 % à 40 %. La principale raison de ce phénomène est le coût de main-d’œuvre, beaucoup plus bas en Chine qu’au Japon.
Par ailleurs, l’attitude de l’importateur et l’administration japonaise doit être mise en cause. Alors que le premier cas d’intoxication remonte au 28 décembre 2007, il a fallu attendre plus d’un mois pour que le ministère de la Santé en soit informé, parce que l’importateur a tardé à signaler le problème au ministère et qu’il n’a pas soupçonné la présence de substance toxique. Si l’information avait circulé plus promptement, il est très probable que l’on aurait pu limiter l’ampleur de l’affaire. De même que dans le système de contrôle, il y a là un problème qu’il importe de résoudre.
La Chine est aujourd’hui très sévère sur les infractions à l’hygiène alimentaire et multiplie les efforts dans ce domaine par des mesures comme la publication de noms des fautifs. A l’heure où le pays s’apprête à accueillir les Jeux olympiques, il est d’autant plus essentiel d’expliquer les tenants et les aboutissants d’une affaire d’intoxication qui touche autant de gens. L’un des principes majeurs de l’importation de produits alimentaires est la confiance et il ne faudra pas oublier qu’elle vient d’être grandement ébranlée.
Mainichi Shimbun Source : www.courrierinternational.com