Deux décennies après l’abandon par les constructeurs américains des voitures diesel, jugées bruyantes et sales, les groupes allemands et japonais font le pari qu’ils peuvent séduire une nouvelle génération de consommateurs avec le diesel propre.
Toyota a annoncé au salon automobile de Detroit qu’il commercialiserait aux Etats-Unis des versions au diesel propre de son gros pick-up Tundra et de son 4×4 Sequoia « dans un futur proche ».
L’initiative s’ajoute à l’annonce récente d’un autre Japonais, Honda, qui prévoit d’introduire l’an prochain sur le marché américain des modèles fonctionnant avec ce diesel de nouvelle génération, via sa marque haut de gamme Accord.
Chez les constructeurs allemands, Daimler, qui a fait état de solides ventes annuelles pour ses modèles diesel dans sa marque haut de gamme Mercedes, a aussi l’intention de proposer cette année aux consommateurs américains trois modèles de 4×4 fonctionnant au diesel.
BMW et Volkswagen doivent aussi dévoiler à l’automne prochain des modèles diesel à destination des Etats-Unis.
Cette multiplicité d’annonces en faveur d’un carburant plus économique pour le consommateur à l’heure où les prix à la pompe s’envolent, rencontre un certain scepticisme chez les constructeurs américains.
« Ce n’est pas une technologie que j’imagine devenir majeure sur le marché américain automobile », a déclaré le PDG de General Motors (GM), Rick Wagoner, en marge du salon de Detroit.
« Si nous développons notre offre de diesel, ce sera avant tout pour les poids-lourds, car c’est là où cela fait le plus sens », a-t-il relevé, ajoutant que dans cette perspective, GM pourrait introduire rapidement aux Etats-Unis les modèles diesel qu’il vend en Europe.
Ford, de son côté, prévoit de développer en 2010 le diesel propre sur ses pick-up de série F-150. Mais le constructeur n’envisage pas pour l’heure d’étendre cette technologie aux voitures plus petites.
Le constructeur a également créé un label, « Ecoboost », sous lequel il entend produire 500.000 véhicules par an, y compris des pick-up, qui permettront d’économiser jusqu’à 20% de carburant par rapport aux véhicules actuels.
Le diesel de nouvelle génération permet de réduire de 30 à 35% la facture à la pompe par rapport aux moteurs à essence. Mais la technologie additionnelle requise pour conformer aux nouvelles normes américaines sur les émissions des véhicules requiert un coût additionnel de 2.000 à 3.000 dollars par véhicule.
Le coût est inférieur à celui de l’achat d’un véhicule hybride par rapport à une voiture dotée d’une motorisation traditionnelle à essence.
Cependant, à la différence de l’Europe, les Américains gardent une mauvaise image du diesel, après un échec technologique au début des années 80.
A l’époque, les constructeurs américains avaient lancé de petits modèles pour répondre à l’invasion des voitures asiatiques bon marché, qui avaient rencontré un grand succès, en cette période de crise énergétique. Ces modèles américains, peu solides et au design bas de gamme, n’ont pas duré.
Par ailleurs, la législation américaine sur le diesel reste la principale barrière. « Le paysage législatif n’est pas clair », explique John Wolkonowicz, analyste chez Global Insight, si bien que « les constructeurs sont hésitants à développer » les diesels.
Source : AFP