Dix-huit mois après son départ – forcé – du Théâtre de l’Odéon, à Paris, le metteur en scène Georges Lavaudant présente à Tokyo Les Géants de la montagne. Cette pièce inachevée de Luigi Pirandello est jouée jusqu’au 9 novembre au Nouveau Théâtre national, vitrine de la scène publique de la capitale japonaise. Le choix du texte et du metteur en scène revient à Hitoshi Uyama, directeur artistique du lieu. Il avoue une certaine admiration pour « Jo », depuis qu’il a vu son Richard III à Avignon en 1984. Il sait aussi que Lavaudant a déjà monté deux fois Les Géants, oeuvre qui évoque la rencontre, dans une villa en ruine – La Scologna -, entre une troupe en quête d’un lieu de représentation et le monde ensorcelant du magicien Cotrone.
Le théâtre se faisant parfois miroir du réel, un parallèle peut être établi entre le destin de cette troupe et celui de Lavaudant, remplacé en mars 2007 par Olivier Py à la tête de l’Odéon et contraint depuis à l’errance. On l’attend à l’Ecole des arts du cirque de Châlons-en-Champagne, puis en Russie, où il montera Le Chapeau de paille d’Italie de Labiche, avant de diriger La Nuit de l’iguane, de Tennessee Williams, à Bobigny.
Pour son projet tokyoïte, Lavaudant travaille pour la première fois avec des comédiens japonais. « Ça n’a pas toujours été facile, reconnaît-il. Il y a eu des incompréhensions et des surprises, notamment dans les manières de bouger ou de réagir à l’expression de la violence. » Il estime néanmoins que « l’illusion de vérité » contenue dans le texte « touche les Japonais ». Hitoshi Uyama, lui-même metteur en scène reconnu qui présentera en décembre L’Illusion comique, de Corneille, a pris en charge la distribution et l’a épaulé dans la direction d’acteurs. Lavaudant a ainsi pu aller au bout de ce projet, qui reprend les grandes lignes de ses précédents Géants. « A chaque fois, on essaye de trouver quelque chose de nouveau, mais, finalement, on retombe toujours sur les mêmes idées. »
Philippe Mesmer
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