Comment, depuis plus d’un demi-siècle,les automates font partie de la culture nationale. Par M. T.
Robot : le mot signifie en tchèque « travail forcé ». Il est apparu pour la première fois en 1921 dans une pièce de théâtre de Karel Capek. L’auteur mettait en scène des androïdes qui remplaçaient les ouvriers. La machine évoque toujours en Occident une créature aux antipodes de l’humain. A l’inverse, au Japon, le robot est plutôt considéré comme un compagnon « familier », kawai (« mignon »). Pourquoi ? Trois pistes.
Les mangas. Depuis des décennies, les mangas sont peuplés de robots attendrissants. Le plus célèbre s’appelle Tetsuwan Atom (Astro Boy). « A la fin de la guerre, en 1945, le Japon était ruiné. Les enfants n’avaient rien à manger, explique Tatsuya Matsui, designer du robot enfant Posy . En 1952, ils ont découvert Astro Boy et les mangas de Osamu Tezuka [1928-1989, ndlr]. Astro Boy a alors apporté au pays une dose d’espoir et d’énergie impensable. Les enfants se sont remis à rêver. Astro Boy a influencé de nombreux futurs concepteurs de robots. Moi le premier ! » Campus. Au Japon, la robotique est pour les jeunes synonyme de jeu. De fait, presque tous les campus de l’archipel abritent un laboratoire de robotique où des équipes d’étudiants élaborent des robots de toutes formes et de toutes performances. Ils rivalisent d’ingéniosité pour épater les parents, les professeurs et le grand public lors des festivals de design industriel et de robotique : Robofesta, Robot Grand Prix, RoboCup… L’un des plus célèbres laboratoires est celui de l’université Waseda, à Tokyo, qui a développé depuis les années 70, sous l’égide du scientifique Ichiro Kato, maître du génie mécanique, de nombreux robots. Et si la passion des Japonais pour les robots avait aussi quelque chose à voir avec les divinités ? Les deux religions les plus courantes dans l’archipel, le bouddhisme et le shintoïsme, semblent bien s’accommoder de la folie robotique. Peut-être parce que ces deux religions reconnaissent à des objets sans vie une âme immortelle. Dans certains temples bouddhistes, des cérémonies rendent grâce à des fétiches, des outils ou des objets rares. Masahiro Mori, roboticien bouddhiste, estime en outre que « les androïdes possèdent la nature du Bouddha : une capacité d’illumination »…
Source : Liberation.fr