, Le Japon combat la vieillesse avec la cybernétique

Par Masayuki Kitano

TOKYO (Reuters) – Les chercheurs japonais ont entamé une véritable course contre la montre pour développer des robots suffisamment intelligents afin de remplir des tâches usuelles à domicile, en entreprise ou dans les lieux publics, dans un contexte de vieillissement de la population.

Quarante pour cent de la population devrait avoir plus de 65 ans en 2055 et le pays, en pointe en matière de robotique, totalise aujourd’hui à lui seul près de 40% de la population de robots industriels.

Tandis que la moyenne d’âge grimpe et que le nombre d’actifs s’en trouve diminué, de nouveaux types de robots seront amenés à assumer de plus en plus de tâches, simplement parce qu’il n’y aura pas assez de monde pour satisfaire le besoin en salariés, estiment les chercheurs.

Par exemple, un robot nettoyeur de Fuji Heavy Industries officie déjà dans une dizaine d’immeubles de bureaux du pays, dont une tour de 54 étages dans le centre de Tokyo, où la machine travaille de nuit et prend l’ascenseur toute seule.

« Dans une société vieillissante telle que nous l’anticipons, la situation sera telle que nous arriverons à un stade où nous n’aurons plus d’autre choix que de faire appel à leur aide », dit Isao Shimoyama, doyen de l’université de science et technologie de Tokyo.

Shimoyama fait partie d’un groupe de chercheurs qui travaillent en collaboration avec sept grandes entreprises japonaises, dont Toyota Motor, Fujitsu Laboratories et Mitsubishi Heavy Industries, pour développer des technologies en informatique et robotique qui devraient donner naissance d’ici 15 ans à une nouvelle génération de robots.

« ASSEZ STUPIDES »

Des prototypes de robots capables d’assumer des tâches de la vie quotidienne devraient être présentés d’ici 18 mois.

De telles machines n’ont pas nécessairement besoin d’être humanoïdes, même si l’apparence humaine présente des avantages, estime Shimoyama, qui fut un temps spécialiste des androïdes.

Un modèle tel que celui développé par Honda Motor Co, Asimo, aura plus de facilité à monter des escaliers qu’un robot sur roues, estiment les chercheurs, mais il s’écoulera un certain temps avant que de telles machines intègrent les foyers.

« Ils peuvent sembler intelligents mais ils sont encore assez stupides », dit Shimoyama. « Je ne crois pas qu’ils seront jamais aussi intelligents que les humains. »

Si la sécurité reste un problème évident, les robots doivent également être sensibles au besoin des gens.

Les chercheurs des laboratoires Fujitsu, à l’origine du robot de surveillance et d’assistance « enon », travaillent sur ces sujets.

Enon, sans jambes mais dont la partie supérieure est humanoïde, a été conçu pour évoluer dans les centres commerciaux. Il peut transporter des charges de 10 kg et présente sur son torse un écran tactile qui sert d’interface de communication avec les personnes qu’il propose de guider et sur lequel s’affichent les informations demandées.

« Les gens qui travaillent dans les transports en commun nous demandent souvent si nous ne pourrions pas concevoir un robot qui détecterait les personnes âgées perdues dans les gares et qui leur demanderait si elles ont un problème », dit Toshihiko Morita, directeur de Fujitsu Laboratories, responsable des systèmes autonomes.

« C’est pour l’heure difficile à faire, très difficile », ajoute-t-il.

Source : LeMonde.fr

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