J’aurais dû vous en parler plus tôt, mais j’ai manqué de t emps ayant pris trois avions en deux jours. C’est pourtant ce qui m’a étonné le plus dans ce voyage.
C’est ma guide à Shenyang, dans le Liaoning, qui m’a mis la puce à l’oreille, alors que nous visitions le tombeau du fondateur de la dynastie Qing, dans le grand parc Beiling. Elle s’excusait de ne parler mieux l’anglais, expliquant qu’elle étudiait le japonais comme langue seconde.
Le japonais ? En Mandchourie ? Il faut voir que les Japonais ont conquis le nord-est du pays en 1931, et que les Chinois conservent encore du ressentiment à leur endroit.
N’y a-t-il pas eu de grandes manifs antijaponaises il y a seulement deux ans à la suite de la publication par le Japon de manuels d’histoire jugés révisionnistes ? Les manifs avaient lieu à Shanghai et dans les provinces du sud. Pas dans le Dongbei, le Nord-Est. Et il y a une très bonne raison à cela.
Les Japonais ont beaucoup investi dans le Nord-Est, une région qui se remet difficilement du passage à l’économie de marché. Dans le Dongbei, le berceau de l’industrie lourde chinoise, on est encore nostalgique des années Mao.
Les investissements japonais se concentrent dans le sud du Liaoning, à Dalian. Ainsi, le Japon est le plus grand investisseur étranger de cette ville portuaire, loin devant Hong-Kong, la Corée du Sud, les États-Unis et Taïwan, avec des investissements totalisant 7,7 milliards US. C’est apparent dans le nord de la ville, où les entreprises japonaises sont omniprésentes dans les nouveaux parcs technologiques. C’est grâce à ces investissements que Dalian espère supplanter Bangalore, en Inde, comme capitale mondiale de la sous-traitance en haute technologie.
C’est la deuxième invasion du Japon.
Source : Cyberpresse.ca