TOKYO (AFP) — Le Japon lance vendredi vers une orbite lunaire une sonde et des satellites d’obervation afin de mieux comprendre l’origine et l’évolution de la Lune, dans le but lointain d’utiliser cet astre comme une nouvelle ressource pour l’homme.
La fusée nippone H2-A, lanceur produit et exploité par la firme d’industrie lourde Mitsubishi Heavy Industries (MHI), doit décoller vendredi vers 10H30 heure locale (01H30 GMT) du centre spatial nippon de Tanegashima (sud).
La H-2A « N°13 » transportera le système d’observation lunaire « Kaguya », conçu par l’agence d’exploration spatiale japonaise (JAXA) dans le cadre de son programme de recherches sur la lune « SELENE » commencé en 1999.
« Kaguya » tire son nom d’une princesse d’un conte ancien japonais, réfugiée sur la Lune faute d’avoir trouvé sur Terre un amoureux idéal.
« Le lancement de +Kaguya+ va ouvrir une nouvelle ère de l’exploration lunaire », a déclaré le président de la JAXA, Keiji Tachikawa.
Ce programme de 55 milliards de yens (355 millions d’euros) est censé être le plus important depuis la mission américaine Apollo en 1969.
Les préparatifs ont toutefois été plus longs que prévu, ce qui a permis entretemps à la Chine et à l’Inde de mettre au point leurs propres missions d’exploration lunaire.
Les Japonais récusent malgré tout le terme de « course » internationale vers la Lune.
« Le fait que la Chine, l’Inde, les Etats-Unis et le Japon aient pris l’initiative de programmes simultanément est une coïncidence due à l’intérêt scientifique », assure un chercheur de la JAXA, Seiichi Sakamoto, impliqué dans le projet.
« Nous n’avons aucun but politique, nous ne sommes plus à l’époque où il y avait une véritable compétition entre nations pour envoyer des hommes sur la Lune », assure-t-il, estimant que poser les pieds sur le sol de ce satellite naturel de la Terre n’est pas le meilleur moyen de le connaître.
« Les données collectées au cours d’alunissages à des points précis ne sont pas suffisantes pour vraiment comprendre cet astre, car ses diverses parties sont très différentes et il n’est pas possible aux astronautes d’aller partout », explique-t-il.
« En scrutant la Lune à distance, nous pourrons en savoir plus sur l’ensemble et peut-être réussirons-nous à confirmer ou infirmer l’hypothèse selon laquelle de l’eau existerait aux pôles sous forme de glace », s’enthousiasme M. Sakamoto.
« Nous voulons aussi étudier quelles sont les possibles utilisations de la Lune pour les terriens », précise M. Sakamoto.
« Kaguya », dispositif constitué d’une sonde principale et de deux satellites annexes dotés d’instruments de mesures, va collecter un maximum de données pendant un an.
L’ensemble aura pour objectif de dresser une cartographie lunaire, d’observer la répartition des minéraux et autres éléments sur le sol et d’étudier la nature de la surface ainsi que la structure des couches inférieures.
« Kaguya » devra aussi évaluer les phénomènes magnétiques lunaires et s’intéresser au comportement des particules énergétiques et plasmas.
Une fois sa récolte achevée et transmise, la sonde ira s’écraser sur le sol de la Lune.
La JAXA, qui envisage déjà d’autres missions, « ira peut-être la récupérer un jour », plaisante M. Tachikawa.
Car même si cette fois les Japonais ne fouleront pas le sol lunaire, ils rêvent néanmoins d’y construire un jour (vers 2025) une base humaine internationale que le Japon pourrait utiliser à sa convenance, à l’instar d’autres pays.
M. Tachikawa espère que l’agence spatiale américaine, la NASA, emmènera auparavant un des astronautes nippons en séjour sur la Lune, dans le cadre de ses projets de vols habités.
En attendant, pour attirer l’attention des Japonais sur cette mission éminemment scientifique, la JAXA et la chaîne publique NHK offriront au public des images en haute-définition d’un spectacle selon elles magnifique, « le lever de Terre ».
Source : AFP