Docu. La Cinémathèque projette «Hôsôtan» sur le chorégraphe avant-gardiste japonais.
La Cinémathèque de la danse, toujours à la recherche de films, de documents rares et inconnus, propose une soirée dédiée à Tatsumi Hijikata (1928-1986), un des fondateurs de la danse butô au Japon. Beaucoup aimeraient l’avoir vu danser mais n’en eurent pas l’occasion car il ne montra son travail que peu de fois en France, dont en 1978 au festival d’Automne. Et pourtant, ce danseur, chorégraphe, auteur et performeur, reste en mémoire comme une référence vibrante, bien qu’il ne reste que peu de traces de son travail. En 1958, Donald Richie, jeune cinéaste et critique américain tourna un court métrage avec lui sur le thème qui lui était cher, celui du sacrifice.
Ce soir, c’est le film de Keiya Ouchida, Hôsôtan (1972), qui permet d’approcher l’expérience unique de cet artiste qui allait, dès les années 60, créer un courant de mouvement et de pensée avant-gardiste pour dénoncer la décadence des valeurs ancestrales et la supercherie des modernités d’«antidanse», de «corps obscur». Hôsôtan, histoire de petite vérole, s’appuie sur la notion de «suijakutai», ou de corps affaibli ou asthénique. Celui qu’il mettra en mots dans un récit, la Danseuse malade, que l’on aura l’occasion de découvrir dès le 12 novembre dans le festival d’Automne, au Théâtre de la Ville, dans une chorégraphie de Boris Charmatz avec Jeanne Balibar.
Sulfureux, tumultueux, très au fait de la littérature contemporaine japonaise ou française, Hijikata continue de nous interroger avec sa définition du corps : «Un cadavre qui ne tient debout qu’au péril de sa vie.» Le film proposé est un document unique qui éclaire sur son parcours et celui de la danseuse complice, Ashikawa Yoko.
MARIE-CHRISTINE VERNAY
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