Le traité bilatéral de paix et d’amitié entre Pékin et Tokyo fête ses trente ans.
En visite au Japon, Deng Xiaoping déclarait en 1978: «Le passé est dernière nous. A partir de maintenant, nous devons aller de l’avant dans un esprit dynamique et constructif.» Le 23 octobre de la même année, les deux pays signaient un traité de paix et d’amitié destiné à doper les relations politiques et économiques.
Débuts difficiles. A cette époque, «le Japon était en plein développement et, en Chine, le chaos provoqué par la Révolution culturelle était à peine retombé. Un gouffre économique séparait les deux nations.» En trente ans, la situation a pourtant changé du tout au tout. Le traité signé, la Chine lance une politique d’ouverture et Tokyo inaugure un programme d’aide au développement.
Après un début sans accros, Tianan men ravive la méfiance envers Pékin. «Le public japonais réalise alors amèrement les difficultés à traiter avec un pays possédant un système politique différent.» La Coupe d’Asie de football, organisée par la Chine en 2004, fait exploser la marmite. Manifestations et protestations anti-japonaises font chuter le baromètre des bons sentiments.
Dépasser le nationalisme? Le contexte politique n’y est pas étranger. «Du côté chinois, il y a un fort ressentiment vis à-vis de l’indifférence du Japon quant à son passé [lié à la Seconde Guerre mondiale], comme le montrent les visites de l’ex-premier ministre Junichiro Koizumi au sanctuaire Yasukuni», rappelle l’éditorialiste. Ce sanctuaire abrite les âmes des hommes tombés dans les guerres menées par le Japon depuis 1867, incluant celles de criminels de guerre. Or, malgré ces difficultés, les deux pays «sont convenus de prendre des mesures communes et en sont arrivés à une notion de relation stratégique mutuellement bénéfique».
Vendredi passé, Taro Aso annonçait ses intentions de «travailler et croître ensemble pour une Asie plus ouverte et vigoureuse». Le Japon et la Chine peuvent coopérer sur plusieurs tableaux: la crise financière, le démantèlement nucléaire de Pyongyang et le réchauffement climatique.» Le Asahi Shimbun estime que maintenir des relations harmonieuses est crucial pour la stabilité régionale. «Si le Japon et la Chine peuvent collaborer et apporter au monde leur contribution, cela ne pourra que renforcer la confiance mutuelle (…) et nous espérons sincèrement que les trente prochaines années se dérouleront de la sorte.»
Par Michael De Pasquale
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