L’économie nippone expose un déficit commercial de 510 millions d’euros. Fait inhabituel, il constitue un nouveau signe quant à la persistance et à la contagion de la crise.
Les exportations japonaises ont baissé de 7,7% sur octobre, une chute record depuis les 14,5% enregistrés à la suite de l’explosion de la bulle internet et des attentats du 11 septembre 2001. Les exportations vers les Etats-Unis chutent de 19,0% et celles vers l’Union européenne de 17,2%. Il faut souligner l’importance de la chute des exportations de voitures vers les Etats-Unis qui représente 13,9% de volume en moins soit -28% en valeur.
Cette chute des exportations s’explique par deux facteurs : moins de volume par le ralentissement de la consommation et moins de valeur par le renforcement du yen. Ce dernier s’est fortement apprécié face à l’euro et au dollar. Il est passé de presque 114 yens pour un dollar en décembre 2007 à 95 yens aujourd’hui et de 170 yens pour un euro en août 2008 à moins de 120 yens. Jusqu’à présent les exportations vers l’Asie permettaient au Japon d’équilibrer sa balance face à la déprime des marchés occidentaux. Mais même vers ses voisins, l’archipel n’arrive pas à maintenir son niveau d’exportation, en baisse de 4%. On remarque aussi que les exportations vers les grandes régions émergentes comme la Russie ou le Moyen-Orient ralentissent leur progression. C’est le signe d’une détérioration économique qui, partie des Etats-Unis, touche maintenant aussi bien l’Asie que les économies en développement.
L’automobile et les téléviseurs délaissés
La deuxième économie mondiale est dépendante de la santé de son commerce extérieur. D’ailleurs, il s’agit seulement du troisième déficit commercial en plus d’un quart de siècle qui ne survient pas en janvier. En effet, si en janvier, l’activité économique du Japon tourne toujours au ralenti, l’excédent commercial est habituellement toujours au rendez-vous en octobre. En 2007, il était de 999,44 milliards de yens, chutant de plus de 106% avec un déficit de 63,92 milliards de yens.
Dans les autres secteurs que l’automobile, la dégringolade est elle aussi impressionnante. Les exportations de semi-conducteurs ont reculé de 12,6%, celles de téléviseurs de 37,5%, celles d’ordinateurs de 24,5% et celles de motos de 31,7%.
Bien que la situation se soit dégradée, les analystes tablaient toujours sur un solde positif. Il s’agit donc d’une nouvelle très inquiétante pour le Japon déjà officiellement en récession au troisième trimestre 2008. Plus généralement ces données sont alarmantes au sujet de la fulgurante et globale contagion de la faiblesse économique américaine au reste du monde.
La Banque du Japon (BoJ) se réunira aujourd’hui et demain mais ne devrait pas modifier ses taux d’intérêt. Elle avait réduit son taux de référence à 0,3% en octobre sans aucun résultat sur les cours du yen.
MA Delmotte
[Le Figaro->