Les constructeurs automobiles japonais n’en fissent plus d’annoncer des réductions de production et d’effectifs, pour adapter leur offre à une demande en berne. Etat des lieux d’un secteur frappé de plein fouet par la crise économique mondiale.

Le numéro un nippon du secteur, Toyota Motor, a confirmé vendredi le non renouvellement au Japon de 3.000 contrats de travail de salariés intérimaires ou employés pour une durée déterminée.

Toyota avait déjà laissé entendre, le 6 novembre, qu’il allait se séparer de la moitié de ses 6.000 salariés temporaires au Japon. Il avait alors abaissé de façon drastique ses prévisions de résultats pour l’exercice 2008/09 en raison de la chute de la demande aux Etats-Unis et en Europe.

« Nous n’allons pas reconduire fin mars 2009 les contrats de 3.000 de nos employés temporaires sur les 6.000 recensés en octobre dans les usines. Nous avons déjà gelé en juin les nouvelles embauches » temporaires pour la production, a indiqué vendredi une porte-parole de Toyota.

Elle a évoqué « plusieurs facteurs, notamment un ralentissement des ventes et la situation économique actuelle ».

Une menace plane en outre sur les 3.000 rescapés si la conjoncture continue d’empirer, avait aussi fait comprendre un dirigeant du groupe, toujours lors de l’annonce des résultats financiers du premier semestre 2008-2009.

Toyota prévoit parallèlement d’arrêter la production dans toutes ses usines aux Etats-Unis et au Canada pendant deux jours en décembre, après avoir déjà stoppé ses chaînes durant un trimestre dans trois de ses usines américaines (au Texas, en Indiana et en Alabama), afin notamment de leur allouer la production de modèles moins sensibles à la crise.

Vendredi toujours, le deuxième constructeur nippon, Honda, a indiqué qu’il allait encore réduire de 79.000 unités sa production annuelle mondiale de voitures, dont 21.000 exemplaires en Europe, également à cause de la chute des achats de véhicules due à la crise économique.

Honda prévoit désormais de produire environ 1,28 million de voitures au Japon au cours de l’exercice en cours (avril 2008 à mars 2009), au lieu des quelque 1,32 million d’exemplaires initialement programmés, soit une réduction d’environ 40.000 unités. Par rapport à l’an passé, le volume de production au Japon baissera de 1%.

En Europe, les usines du groupe sortiront cette année 21.000 voitures de moins qu’envisagé et au total 53.000 de moins que prévu au départ.

Au final, Honda ne fabriquera que 175.000 automobiles en Europe entre avril 2008 et mars 2009, près d’un tiers de moins qu’au cours de l’exercice budgétaire précédent.

Pour opérer ce sévère ajustement, une usine britannique sera fermée durant 29 jours supplémentaires en février et mars, « ce qui se traduira par un arrêt total de la production locale durant ces deux mois », a expliqué Honda.

La production va également être moindre en Amérique du Nord, passant de 1,468 million d’unités initialement prévues à 1,412 million, soit une différence de 56.000 exemplaires.

Honda avait déjà programmé une réduction de 38.000 unités auxquelles s’ajoutent 18.000 supplémentaires annoncées vendredi à cause de l’aggravation de la conjoncture.

Ces deux nouveaux coups de semonce, émanant des deux poids-lourds de l’automobile japonais, allongent la liste de précédentes coupes dans la production, la main-d’oeuvre et les investissements décidées par les constructeurs automobiles nippons, pas plus épargnés par la débâcle internationale que leurs homologues occidentaux.

Mazda avait annoncé jeudi devoir se séparer de 1.300 personnes sous contrats de travail temporaire, et Isuzu faire de même avec 1.400 autres. Nissan, partenaire du français Renault, avait pour sa part indiqué fin octobre qu’il allait réduire ses effectifs de 3.500 têtes aux Etats-Unis, en Espagne et au Japon.

AFP

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