Tous les linguistes en conviennent : « le Japonais, c’est pas facile, une écriture compliquée, une logique de langue qui n’a aucun rapport avec la nôtre… ». Pourtant, et malgré tous ces handicaps, les étudiants se pressent pour l’apprendre.
À tel point que désormais, avec ses 400 inscrits, le Japonais est devenu la troisième langue enseignée à l’université du Mirail.
un engouement
Après l’Anglais et l’Espagnol, loin devant les autres : le département qui a augmenté ses effectifs de près de 60 % en 5 ans, compte aujourd’hui plus d’inscrits qu’en Allemand, Russe et Italien réunis. Les raisons de cet engouement ? « aussi bien un complément de formation (scientifique ou commerciale), qui poursuit projet précis (travailler avec le Japon ou même carrément partir travailler au Japon) qu’une recherche ou une découverte culturelle dont les plus jeunes, en particulier, sont friands », explique Christian Galan, qui anime depuis 15 ans et dirige maintenant la section Japonais. lIl est lui-même un bel exemple de cette « découverte » : instituteur nommé pendant deux ans dans une école française au Japon dans le cadre de son service militaire, il a, à son retour en France, décidé de continuer et a gravi peu à peu, via les Langues orientales à Paris, tous les échelons de la formation. Avec obstination, car cet apprentissage est « long et frustrant », ne cache pas Christian Galan. Mais le Japon fait tellement rêver que rien ne semble rebuter ceux qui ont décidé de relever le challenge…
bientôt un jumelage
« Certes, consent Christian Galan, beaucoup abandonnent tout au début. Mais ceux qui restent continuent jusqu’au bout ». Jusqu’à la licence, et au-delà, vers les masters (bac + 5), dont Toulouse est dotée depuis deux ans (un privilège seulement partagé avec Lyon II et Paris VII).
Ce développement a permis de satisfaire aux souhaits les plus affirmés par les étudiants : voyager au Japon.
« Ces dernières années, grâce aux bourses accordées par le gouvernement de Tokyo ou les universités japonaises, nous avons pu financer 140 stages dans l’archipel », se réjouit Christian Galan qui prépare activement ces jours-ci un jumelage de son département du Mirail avec l’université d’Hiroshima.
Les formations disponibles
La section Japonais du Mirail, dont la bibliothèque dispose de 4 500 ouvrages, propose plusieurs formations : lettres langues et civilisations étrangères (, Langues étrangères appliquées, initiation à la langue en formation continue. Renseignements au 05 61 50 45 67 ou sur le site
« En cours, c’est comme un voyage »
« Le Japonais, c’est notre matière préférée », affirment en chœur les 35 élèves de seconde qui ont entamé l’apprentissage de la langue au lycée Ozenne. « Grâce à la prof qui nous fait vivre le Japon », ajoute Anne qui a une longueur d’avance : elle a commencé au sein d’une association, en marge du collège de la Sainte-Famille.
Pour les autres, issus des collèges les plus divers et recrutés sur la base de leur (bon) dossier scolaire, le chemin d’Ozenne a relevé moins d’un choix déterminé que d’un heureux hasard. Pour l’une, c’est « à l’occasion des journées portes ouvertes au lycée ». Pour une autre, « un cousin qui maintenant travaille au Japon ». Et pour une autre encore « la chasse à l’option pour aller dan un établissement du centre ville ».
Mais pour tous, « c’est une découverte totale et on n’est pas déçus », clame Romain, un des rares garçons de la classe. « Découverte », le mot revient souvent et c’est bien cela que sont venus chercher ces élèves qui, en quelques semaines à peine, sont véritablement tombés amoureux du Japon. « Et de la civilisation japonaise », ajoute Mouhlia. En citant aussi bien le style de vie traditionnel que les mangas, l’informatique, les jeux vidéos, la recherche vestimentaire… Reste la complexité de la langue : « c’est dur, il faut beaucoup travailler, mais c’est ça qui est bien », affirme Vy, qui vient de Pins-Justaret « suer sur les kanjis », ces idéogrammes multiples à apprendre par cœur. Bref, le cœur y est. Mais où mènera cet enthousiasme ? « Je veux me lancer dans l’hôtellerie, avec l’Anglais et l’Espagnol, le Japonais m’aidera », explique Cléolia, de Tournefeuille. Anne, elle, veut « intégrer le Japonais dan des études linguistiques ».
Et si Eva, qui veut devenir journaliste estime qu’il y a de l’avenir par là », tout comme Pricillia qui veut faire carrière dans les mangas, Jérôme, lui, se contentera d’un « plus culturel, bien utile sur un CV ». Perspectives à géométrie variable, donc. Mais un réel bonheur d’être là que Cléolia exprime avec ses mots de future gestionnaire de loisirs : « Quand on entre en cours, c’est comme un voyage».
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