La ligne téléphonique ouverte aux suicidaires au Japon est saturée, les bénévoles croulant sous les appels alors que la crise économique pourrait grossir les rangs des désespérés, a-t-on appris de sources concordantes.
Plus de 30.000 personnes mettent fin à leur jour chaque année dans l’archipel, des hommes dans près de trois-quarts des cas, ce qui fait du Japon l’un des pays connaissant le plus fort taux de suicide, 24 pour 100.000 habitants en 2006 contre une moyenne mondiale de 16 selon l’OMS.
Une ligne téléphonique est ouverte aux suicidaires par l’association Inochi no Denwa (« le téléphone de la vie »), pour leur permettre de se confier et d’éviter qu’ils ne passent à l’acte. Mais, faute de volontaires et de moyens, l’association ne parvient pas à répondre à la demande, rapporte le quotidien Asahi Shimbun.
Selon ce journal, seuls 23 des 49 centres d’Inochi no Denwa répartis dans tout le Japon sont accessibles 24 heures sur 24.
« Nous manquons de bénévoles », a reconnu Yukio Saito, directeur de la fédération Inochi no Denwa, interrogé mercredi par l’AFP.
Les quelque 7.000 volontaires de l’association doivent gérer chaque année environ 700.000 appels.
M. Saito souligne aussi qu’il aimerait « recevoir davantage de subventions publiques ». La fédération a reçu 80 millions de yens (635.000 euros) de subvention de l’Etat en 2008, un chiffre en baisse de 20% par rapport à il y a quelques années. Les centres d’appels reçoivent toutefois d’autres subventions des autorités locales, a précisé M. Saito.
Mais les besoins sont criants au Japon, une société bouddhiste où le suicide n’est pas marqué du sceau de l’infamie, à l’inverse des civilisations chrétiennes.
« Je crains une augmentation des suicides avec la récession économique » qui frappe l’archipel comme ailleurs, s’inquiète aussi M. Saito.
Marquée par une montée du chômage qui avait doublé entre 1993 et 2003, la fin des années 90 avait connu une forte recrudescence des suicides.
[AFP->