La diffusion des animations tirées de mangas est un enjeu économique: en France, aux Etats-Unis et au Japon, où ils sont produits, les acteurs du secteur cherchent la meilleure solution pour satisfaire les fans. Le plus rapide au meilleur prix.

Heureux les internautes américains, qui vont pouvoir regarder les derniers épisodes de Naruto quelques heures après leur diffusion au Japon en version sous-titrés. En France, les fans du petit ninja de Konoha doivent toujours se contenter de télécharger les épisodes sous-titrés par des fans bénévoles… en toute illégalité.

Le 15 janvier, VizMedia, qui détient les droits de « l’anime » – la version télévisée du manga éponyme – de Naruto aux Etats-Unis et au Royaume-uni, va proposer aux internautes de découvrir le dernier épisode de la série quelques heures seulement après sa diffusion au Japon. C’est une petite révolution. Jusqu’à présent, les fans devaient passer par des téléchargements illégaux pour suivre au plus près les dernières aventures de Naruto: les plus fervents se sont regroupés sur Internet au sein de sites où sont traduits le plus rapidement possible du japonais à l’anglais les dialogues de l’épisode. Le phénomène s’est diffusé un peu partout dans le monde. A la fin de la chaîne, les plateformes de partage de vidéos en ligne (Youtube, Dailymotion, Veoh, etc.) sont pleines d’épisodes de Naruto, Bleach, One piece et autres mangas.

Le fansubbing: menace pour l’économie du manga?

Le problème est que le procédé, si commode pour le fan, menace les licences si chèrement acquises par les sociétés de production pour diffuser un manga à succès en dehors du Japon. Comme pour le cinéma ou les jeux vidéos, en somme? Pas si simple. Les traductions réalisées par des sites comme Dattebayo.com répondent à une demande des clients de mangas pour les versions animées, pas seulement à un désir de gratuité. La chaîne Game One en France diffuse les derniers épisodes de Naruto Shippuden en français: elle en est au 45e épisode, quand au japon sort aujourd’hui le 91e.

Les délais d’attentes ne sont souvent justifiés que par des impératifs commerciaux, quoi qu’en disent les éditeurs. La raison? Le rythme de parution d’un manga en France a sa propre logique, sans lien direct avec le ryhtme des sorties au Japon. D’où le décalage.

Les maisons d’éditions, comme Glénat ou Kana, laissent faire. Un attaché de presse reconnaît sans peine l’intérêt des « scantrabs », ces traductions par les fans des derniers mangas parus au Japon: « Pour une nouvelle série, cela fait le buzz. Et nous regardons comment le marché réagit ». Une campagne de test en temps réel et sans frais. Seul problème, les fans ne se contentent pas des nouveautés et s’alimentent à la même source, une fois la série publiée en France.

Le besoin d’un nouveau système économique

Aux Etats-Unis, un nouveau modèle émerge. La société de production VizMedia va enfin proposer la diffusion en streaming gratuite, quelques heures après le Japon. Conséquence, l’une des plus grosses équipes de « fansubbing » outre-Atlantique va sortir Naruto de son « catalogue ». La réactivité est bien le meilleur atout pour attirer les internautes. Un autre site, Crunchyroll.com, a suivi le mouvement: l’épisode y désormais payant durant 7 jours, gratuit ensuite. Seul problème pour les fans français: le streaming est limité par zone géographique et ils n’y ont pas accès…

Le marché pourrait s’ouvrir à de nouveaux acteurs si les détenteurs traditionnels de licence de s’en préoccupent pas. La société Wakanim va prochainement proposer aux internautes les derniers épisodes de plusieurs séries récentes en streaming pendant 2 mois. Ils seront ensuite proposés en VOD (service de vidéo à la demande, payant).

L’une des angoisses des éditeurs de manga en Europe et aux Etats-Unis est que les Japonais fassent eux-mêmes les traductions et passent des accords avec les distributeurs. Les premières tentatives ont avorté ou restent confidentielles, comme celle du magazine Weekly Shonen (une véritable institution au Japon), qui a sorti pour ses quarante ans un site en plusieurs langues. On y trouve les derniers chapitres de certaines séries ainsi que plusieurs épisodes à télécharger gratuitement… mais avec un lecteur spécifique, qu’il faut installer sur son ordinateur.

[Lexpress.fr->http://www.lexpress.fr/culture/naruto-ou-la-guerre-du-telechargement_730578.html]

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