{{Le Parti démocrate du Japon (PDJ), la formation de centre-gauche victorieuse des législatives du 30 août, a promis de sabrer de 25% les émissions de gaz à effet de serre du pays d’ici 2020 par rapport à 1990. Un projet qui inquiète le patronat de la deuxième économie mondiale.}}

L’objectif du PDJ est beaucoup plus ambitieux que la réduction de 8% que proposait le Parti Libéral-Démocrate (PLD), la formation de droite qui a perdu le pouvoir après 54 ans d’hégémonie sur la vie politique japonaise et de relations harmonieuses avec les milieux d’affaires.

Le chef du PDJ Yukio Hatoyama, futur Premier ministre, n’a pas précisé comment il comptait s’y prendre pour atteindre ce but, encore plus ambitieux que la réduction de 20% préconisée par l’Union européenne.

Cela n’a pas empêché les principales organisations patronales de l’archipel de mettre en garde contre des réductions d’émissions trop brutales, qui mettraient selon elles en péril la croissance économique du pays.

« {Concernant le plan du PDJ contre le réchauffement climatique, nous sommes inquiets de sa faisabilité, de son impact sur l’activité économique, de ses effets sur l’emploi et du fardeau qu’il fera peser sur le peuple japonais} », a déclaré le président de l’Association japonaise des constructeurs automobiles, Satoshi Aoki, qui est également le PDG de Honda.

La Fédération des compagnies électriques a quant à elle jugé qu’une réduction de 25% est « {un niveau très difficile} » et a appelé le PDJ au « {réalisme} ».

« {Un examen attentif des politiques (du PDJ) est nécessaire pour examiner leur justesse par rapport à ce qui est fait à l’étranger, le poids qu’elles pourraient faire porter à la population et leur degré de réalisme} », a pour sa part déclaré Fujio Mitarai, président de la puissante organisation patronale Nippon Keidanren, historiquement très proche de la droite.

Le Japon est le cinquième émetteur mondial de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique. Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat juge nécessaire une réduction des émissions de 25 à 40% dans les pays industrialisés d’ici à 2020 par rapport à 1990, afin de limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés Celsius.

Le PLD et les industriels japonais ont longtemps argué que les performances environnementales des entreprises japonaises sont déjà très satisfaisantes, et qu’un durcissement supplémentaire des règles sur les émissions de gaz à effet de serre handicaperait injustement l’économie nationale.

« {Il sera politiquement difficile d’instaurer dès le départ un objectif très ambitieux} » en matière d’émissions, estime Yoko Monoe, analyste spécialisée dans l’environnement à l’Institut de recherche Daiwa.

Mais selon elle, le PDJ pourrait y parvenir en encourageant le développement de technologies respectueuses de l’environnement, comme les voitures électriques ou les appareils électroménagers à faible consommation.

Les 25% du PDJ incluent les réductions obtenues via les marchés carbone et les programmes de reforestation lancés à l’étranger, rappelle Mme Monoe.

L’environnement n’est pas la seule pomme de discorde entre le nouveau pouvoir, soutenu par les syndicats pendant la campagne, et les patrons.

Le Keidanren s’inquiète également du projet du PDJ de limiter l’emploi de travailleurs à statut précaire. Ces employés temporaires, qui représentent plus d’un tiers de la force de travail du pays, ont été les principales victimes des suppressions de postes pendant la crise économique.

[Source : AFP->

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