Le 30 juin 2015, vers 11 heures 30, un Tokyoïte de 71 ans s’est aspergé d’essence avant de s’immoler dans la voiture de tête d’un train à grande vitesse (shinkansen) de la ligne Tôkaidô. Le bilan de ce suicide fait état deux morts, l’homme ainsi qu’une femme qui se trouvait non loin de lui, et 28 blessés. Comme en France suite à l’attaque du Thalys, cet événement a été l’occasion dans le pays de s’interroger sur la sécurité à bord des trains japonais.
Le Nozomi 225, transportant ses 800 passagers de Tôkyô à Ôsaka, a effectué un arrêt d’urgence peu après Yokohama. C’est la première fois depuis la mise en service de la ligne à grande vitesse en 1964 qu’un incendie s’est déclaré à l’intérieur d’une rame. Les passagers ont d’abord été évacués des trois premières voitures et mis à l’abri derrière une porte anti-feu.
Le mythe de la sécurité
« Comme les TGV français, les shinkansen ont des points faibles par rapport aux actes terroristes ou criminels », indique Seiji Abe, professeur à l’Université Kansai et spécialiste de la sûreté dans les transports. Cela n’est pas négligeable, d’autant plus que la proportion du fer dans les transports de voyageurs est quatre fois plus importante au Japon qu’en France.
Le mythe de la sécurité et de l’ordre public dans les trains et en gare est remis en cause au fil des événements tragiques. En août 1993, un meurtre au moyen d’un couteau avait été commis en première classe dans un Nozomi circulant sur cette même ligne Tôkaidô.
Mais un pas est franchi avec les attentats au gaz sarin dans le métro de Tôkyô le 20 mars 1995, qui avaient fait 13 morts et rendu malades 6 300 personnes. « Le plus grand changement après ces attaques a été la suppression des poubelles dans les stations », explique Seiji Abe. Elles ont ensuite été réinstallées, mais en nombre limité. « Il n’était pas possible non plus d’utiliser les casiers pendant un certain temps », ajoute le professeur.
Amélioration du système de vidéosurveillance
Dans un communiqué publié le 6 juillet, les compagnies Central Japan Railway et West Japan Railway ont annoncé le plan de renforcement de la surveillance vidéo dans leurs shinkansen. Tandis que le dispositif comporte un enregistrement de chaque entrée, trois caméras supplémentaires filmeront, d’ici 2018, l’intérieur des compartiments ainsi que le passage entre les voitures. « Du point de vue de la prévention criminelle visible, cela laisse espérer un grand effet dissuasif », a déclaré Kôei Tsuge, président de la compagnie Central Japan Railway, en conférence de presse organisée le même jour.
Après les feux, probablement d’origine criminelle, qui ont perturbé le trafic ferroviaire dans la capitale au mois d’août dernier, l’installation de caméra dans des endroits stratégiques est aussi en cours de discussion. La protection du réseau électrique par des enveloppes ignifugées a par ailleurs été décidée dans un périmètre de 30 kilomètres autour de la gare de Tôkyô.
Autres moyens de prévention
Quels sont les autres solutions pour renforcer la sécurité ? La première serait un contrôle des bagages avant l’embarquement. Mais l’imposer aux plus de 410 000 passagers par jour qui empruntent un train à grande vitesse sur la ligne Tôkaidô perturberait fortement la fluidité du trafic. Même si 94 % des Japonais privilégient la sécurité au confort, comme l’a révélé un sondage gouvernemental cet été, cette solution semble irréaliste. Un contrôle aléatoire pourrait quant à lui avoir l’inconvénient d’être, par définition, discriminatoire.
Il est toutefois évoqué d’autres moyens de prévention, tels qu’une détection de produits dangereux au niveau des barrières automatiques, seul point d’accès aux quais. Alors que le Japon s’apprête à accueillir différents événements mondiaux, le G7 en mai 2016, la coupe du monde de rugby en 2019 (si tout va bien) et les jeux olympiques en 2020. Les autorités comptent bien employer les grands moyens pour assurer la sécurité des transports et autres lieux fréquentés. Les habitants comme les 20 millions de visiteurs étrangers attendus dans le pays en 2020 n’en demandent pas moins.
Le suicide par immolation ou l’attaque du Thalys restent des cas rares. Investir dans la suppression des passages à niveau ou pour empêcher les personnes qui tombent du quai pourrait être plus « rentable ».
En aérien, beaucoup de chose sont faite pour la sécurité et bien que ce soit de plus en plus sûr, il y a toujours des avions qui tombent. (et je ne parle pas de la voiture).