PARIS — Mauvais élèves de l’aide au développement, la France, l’Allemagne et le Japon n’ont pas honoré, selon l’OCDE, les promesses faites aux pays les plus pauvres, notamment en Afrique, au moment où la crise rend cette assistance d’autant plus nécessaire.
En dressant mercredi à Paris un état des lieux de l’aide publique au développement (APD), l’Organisation de coopération et de développement économiques a décrit une double tendance – les « bonnes » et les « mauvaises » nouvelles, comme l’a résumé son secrétaire général Angel Gurria.

D’une part, « malgré la crise », l’assistance apportée par les 22 Etats membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE devrait avoir augmenté de 35% entre 2004 et 2010, atteignant des « niveaux record », soit environ 107,4 milliards de dollars.
Plusieurs pays ont même fait mieux que promis, comme la Suède, numéro un de la classe, dont l’APD représente désormais 1,03% du produit national brut (PNB) – alors que le Graal de l’aide au développement, dont la quête est sans cesse repoussée par la plupart des Etats, se situe à 0,7% du PNB.

Etats-Unis et Canada ont aussi tenu parole.
Le hic, c’est que le résultat atteint reste 21 milliards en deçà des promesses faites par les pays riches en 2005. Et la contraction des économies liée à la crise n’est qu’une maigre explication, évaluée à environ 4 milliards de dollars.
Le principal problème, a déploré Angel Gurria, c’est que « sept pays n’ont pas honoré leurs engagements, et certains d’entre eux sont de très gros bailleurs de fonds ». Dans l’ordre l’Allemagne, la France, le Japon et l’Italie.
« Des pays tels que la Belgique, l’Espagne et le Royaume-Uni démontrent qu’il est possible, malgré les contraintes budgétaires, de tenir ses engagements de solidarité internationale », fait valoir l’organisation non gouvernementale Oxfam, stigmatisant la contre-performance de la France, « censée être un pays moteur en matière d’aide au développement ».

L’APD française aura quasiment stagné en 2010 à 0,46% du PNB, contre 0,41% en 2004. Dans le même temps, le Royaume-Uni, dont le déficit public a pourtant explosé encore davantage que celui de la France avec la crise, aura porté son aide de 0,36% à 0,56% de son PNB.
L’identité des mauvais élèves a une conséquence directe: s’agissant de pays qui sont d’importants bailleurs pour l’Afrique, c’est le continent noir, déjà le plus pauvre de la planète, qui paye les pots cassés.

Les Africains ne recevront donc « que 12 milliards de dollars sur les 25 milliards supplémentaires prévus », regrette l’OCDE.
Du coup, les « objectifs du millénaire pour le développement » fixés par les Nations unies pour réduire, à l’horizon 2015, l’extrême pauvreté, « ne seront pas atteints », constate Philippe Hugon, de l’université Paris X. « On le savait dès le départ, mais voilà la confirmation », ironise-t-il.
C’est d’autant plus inquiétant que la crise s’est entre-temps abattue sur le continent africain.

« L’Afrique a souffert d’une baisse des exportations, les pays riches en récession important moins de matières premières, mais aussi d’une diminution des transferts effectués par les migrants, qui occupent une place considérable dans les économies de pays comme le Mali, le Lesotho ou les Comores », souligne Philippe Hugon.
« Pour l’instant, le continent fait face en creusant ses déficits et grâce au soutien d’institutions régionales ou internationales », ajoute cet économiste. « Mais il reste très vulnérable, on n’a mis que des sparadraps après les crises alimentaires de 2008 qui risquent donc de se reproduire tant que la spéculation continuera sur les marchés des matières premières ».

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