TOKYO – Le groupe nucléaire français Areva va fournir un système pour décontaminer l’eau radioactive de la centrale japonaise de Fukushima, a annoncé mardi sa présidente, Anne Lauvergeon.
L’opérateur de la centrale nucléaire accidentée, Tokyo Electric Power (Tepco), « a accepté notre proposition », a expliqué Mme Lauvergeon lors d’une conférence de presse à Tokyo.
Areva a proposé à l’opérateur nippon un procédé dit de coprécipitation pour isoler les éléments radioactifs.
« Nous allons injecter des produits chimiques dans l’eau contaminée et cette technologie doit permettre aux substances radioactives de se déposer au fond », séparant ces matériaux contaminés de l’eau, a détaillé la présidente du groupe.
Cette technique a été développée par Areva et est utilisée dans les installations de Marcoule et La Hague (France),pour traiter cette eau radioactive, Areva va expédier et exploiter au Japon une « station d’épuration de gros débit » dotée des technologies requises.
Des moyens complémentaires, notamment par évaporation, seront également employés pour traiter cette eau qui pose des problèmes particuliers, notamment parce qu’elle est salée.
Au bout du compte, le tout doit permettre de « réduire de 1.000 à 10.000 fois le taux de radioactivité des eaux traitées, dans le but qu’elles puissent être réutilisées dans les circuits de refroidissement de la centrale », a détaillé Mme Lauvergeon.
Près de 70.000 tonnes d’eau radioactive ont inondé le site de la centrale en raison des masses d’eau injectées par Tepco dans les réacteurs ces dernières semaines afin d’empêcher l’accident nucléaire du 11 mars de dégénérer.
Areva, qui travaille en partenariat sur ce sujet avec Veolia Water, espère en traiter 50 tonnes par heure dans un premier temps.
Mme Lauvergeon a laissé entendre que ces opérations « d’urgence » allaient débuter « le plus rapidement possible », dans des délais exceptionnellement écourtés par rapport à ce que requiert habituellement la mise en place d’un tel dispositif. « Tepco souhaite que cela commence fin mai », a-t-elle dit.
« Nous n’avons rien négocié en terme de prix », a-t-elle ajouté, disant « avoir confiance » en ses interlocuteurs japonais pour traiter ultérieurement du volet financier de la coopération.
La compagnie d’électricité Tepco doit désormais évacuer et traiter l’eau déversée pour refroidir les installations, la présence de ce liquide radioactif bloquant le travail des techniciens.
L’opérateur a commencé mardi à pomper quelque 10.000 tonnes d’eau très radioactive ayant submergé le rez-de-chaussée de la salle des machines du réacteur 2, afin de les transvaser dans une installation de traitement des déchets d’une capacité de 30.000 tonnes.
Par ailleurs, Areva estime pouvoir apporter une aide sur d’autres volets, notamment la mise en lieu sûr et le traitement du combustible usé.
« Il faut placer les barres actuellement situées dans des piscines surélevées dans des conditions de sécurité le plus tôt possible », a souligné Mme Lauvergeon, lors d’une rencontre avec quelques journalistes français.
Areva forme en outre actuellement en France des techniciens japonais de la société nippone d’intervention sur sites nucléaires Atox à la manipulation de robots spécialisés, afin de leur permettre d’entrer ultérieurement en action à Fukushima.
L’opérateur Tepco espère stabiliser la situation des quatre réacteurs accidentés de sa centrale d’ici six à neuf mois.
[(©AFP / 19 avril 2011 14h56)- Article original sur romandie.com->http://www.romandie.com/infos/news2/110419125634.sqx1i4hf.asp]