{{« Astro Boy » pour les Américains, « Astro le petit robot » pour les Français, « Tetsuwan Atomu » pour les Japonais, le héros le plus connu du maître nippon du manga, Osamu Tezuka, fut à son époque au Japon un symbole de confiance en l’avenir qui accompagna la montée en puissance du pays.}}
A l’affiche ou en passe de sortir dans plusieurs pays, le long-métrage en images de synthèse Astro Boy, tiré de l’oeuvre du « papa du manga moderne », ravive au Japon la nostalgie pour ce héros.
Petit robot créé par un scientifique pour tenter de combler la disparition de son enfant, Tetsuwan Atomu (littéralement « Atome aux bras de fer ») est un être artificiel doté de pouvoirs surnaturels, mais capable de compassion, de tristesse et autres sentiments propres aux humains.
Androïde au grand coeur, polyglotte, ambassadeur de la paix en quête de reconnaissance, il est une icône pour les quadragénaires et leurs aînés nippons, témoins et acteurs du redressement du pays du Soleil-Levant sorti exsangue de la Deuxième guerre mondiale.
Tetsuwan Atomu a commencé d’être publié en manga sous ce titre en 1952 dans un magazine pour garçonnets, déjà avides lecteurs de ce genre alors en pleine évolution.
Le Japon était une nation pauvre, détruite par la guerre, qui allait cahin-caha, après sept ans de soumission aux forces américaines d’occupation.
« {Atomu, évoluant dans des décors à l’époque futuristes, a constitué un symbole de la croyance en l’avenir radieux pour les Japonais qui, afin de recouvrer leur honneur, ont alors redoublé d’efforts} », rappelle Yoshihiro Shimizu, responsable des droits de Tezuka Productions, maison qui gère le patrimoine d’Osamu Tezuka, le plus célèbre des « mangaka » (auteur de manga), décédé en 1989.
En quelques décennies, Tokyo est devenue l’une des mégapoles les plus modernes de la planète, le Japon s’est métamorphosé, surpassé, jusqu’à se hisser en 1968 au rang de deuxième puissance économique du monde, réputée pour ses innovations technologiques.
Héros adoré de ceux qui ont contribué à cet essor, Atomu en a incité plus d’un à choisir la voie scientifique, à embrasser une carrière technique, voire à défricher le domaine de la robotique.
« {C’est en partie grâce à Atomu que les Japonais sont devenus les premiers développeurs, fabricants et utilisateurs de robots} », assure un responsable du ministère des Affaires étrangères japonais.
Outre un animisme séculaire, c’est aussi du fait de l’humanisme dont fait preuve Atomu qu’ils ne voient pas comme une ineptie le fait de cohabiter avec des humanoïdes mécatroniques truffés de capteurs et autres composants.
Toutefois, au départ, ce personnage pour enfants ne plaisait par forcément à leurs tuteurs.
« {Cela a pris un peu de temps avant qu’il ne soit accepté, car les mangas étaient parfois considérés comme des lectures pernicieuses. Les parents et enseignants jugeaient cruelles des scènes dans lesquelles apparaissaient par exemple des têtes coupées de robots} », se souvient M. Shimizu.
Grâce au « terebi manga » (manga de télévision comme on disait à l’époque) Tetsuwan Atomu, première animation japonaise pour le petit écran, réalisée par Tezuka en personne et diffusée en noir et blanc chaque semaine à partir du 1er janvier 1963, Atomu s’est invité dans les salles à manger familiales.
« {Les parents ont alors compris que, contrairement aux réalisations américaines essentiellement scandées par le mouvement, il y avait dans Tetsuwan Atomu une vraie histoire, touchante} », témoigne M. Shimizu.
L’engouement n’est certes plus le même aujourd’hui, mais Makoto, le fils d’Osamu Tezuka, est de ceux qui espèrent un regain d’intérêt grâce au long-métrage produit par Imagi (Hong-Kong) dont il a supervisé la mise en image.
[Source : Karyn Poupee, AFP->