Les fleurons nippons de l’automobile ont dégagé des profits massifs au premier trimestre 2010-2011, grâce au dynamisme des marchés émergents, mais les incertitudes sur la reprise économique et la fin des incitations à l’achat au Japon pourraient enrayer leur redémarrage.
Les solides performances de Toyota, Nissan et Honda « reflètent la reprise de l’économie mondiale et du marché japonais de l’automobile, ainsi que la croissance des ventes dans les pays émergents, notamment les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) », explique Tatsuya Mizuno, analyste du marché automobile.
Toutes marques comprises, le premier constructeur mondial, Toyota Motor, a écoulé 1,82 million de véhicules d’avril à juin, près de 30% de plus que l’an passé à la même époque, une période où le marché se remettait à peine de la récession de 2008.
Son profit net s’est élevé à 190,5 milliards de yens (1,65 milliard d’euros) mais le groupe n’a relevé que légèrement sa prévision de bénéfice net annuel, à 340 milliards de yens.
Cette prudence est liée à la vigueur du yen qui, au plus haut face au dollar et à l’euro, amoindrit les gains rapatriés des Etats-Unis et du Vieux continent.
La reprise apparaît spectaculaire pour Toyota, contraint ces derniers mois de rappeler dix millions de véhicules dans le monde à cause de défauts techniques.
« Le pire est passé mais Toyota procède encore à des rappels de temps en temps et fait l’objet de plaintes en nom collectif aux Etats-Unis », nuance M. Mizuno.
Nissan a pour sa part dégagé un bénéfice net de 106,6 milliards de yens (920 millions d’euros) au premier trimestre de l’exercice d’avril 2010 à mars 2011.
A l’instar de ses concurrents, le constructeur a été sélectif dans ses investissements depuis la crise pour limiter ses coûts. Il reconnaît dès lors qu’il aura du mal à maintenir l’exceptionnelle marge d’exploitation de 8% constatée.
Nissan envisage néanmoins de relever ses prévisions annuelles, même s’il table déjà sur un bénéfice net de 150 milliards de yens, quatre fois supérieur à celui 2009-2010.
Le groupe, détenu à 45,7% par le français Renault, a livré 954.000 véhicules dans le monde en trois mois, près d’un tiers de plus que l’année dernière dans le même laps de temps. Ses ventes ont progressé partout, notamment en Chine qui est devenue son premier marché.
Honda a dégagé de son côté un bénéfice net record de 272,4 milliards de yens (2,36 milliards d’euros), avec une marge opérationnelle de 10%, aidé par l’envol de ses ventes de deux-roues en Asie.
Côté voitures, il a frôlé les 900.000 véhicules vendus dans le monde, soit 17% de plus sur un an, avec des chiffres en progression partout, sauf en Europe, et de bonnes performances de ses 4X4 en Asie et en Amérique du Nord.
Le groupe a relevé ses prévisions annuelles, espérant un bénéfice net de 455 milliards de yens contre 340 milliards initialement escomptés.
« Nous sommes à un point critique: les constructeurs se sont repris mais font face à de nombreuses incertitudes », avertit toutefois M. Mizuno.
Il rappelle que devrait être arrêté en septembre un programme gouvernemental qui a dopé le marché japonais via des incitations fiscales à l’achat de véhicules moins polluants et économes en énergie.
Par ailleurs, « les consommateurs américains et européens ont des appréhensions » et le dynamique marché chinois « pourrait connaître une période d’ajustement » voulue par Pékin pour éviter la surchauffe de son économie, souligne-t-il, un risque pour les constructeurs nippons dont il constitue le principal vecteur de croissance.
[Source: AFP->