Musicienne et chanteuse, l’artiste bretonne Cécile Corbel signe la musique d' »Arrietty », le dernier film écrit par le dessinateur japonais Hayao Miyazaki qui sort mercredi en France, un véritable conte de fée pour cette jeune femme discrète et réservée aux longs cheveux auburn.
« C’est un coup du destin. Je suis la première étonnée de tout ça », confie à l’AFP Cécile Corbel, qui a commencé l’apprentissage de la harpe celtique à 15 ans dans son Finistère natal.
Le contact avec le studio Ghibli, dont Miyazaki est le cofondateur, s’est établi de manière étonnante. « Au départ, j’ai eu un geste un peu naïf. Depuis longtemps, j’aime beaucoup ce que fait Miyazaki et le studio. A la sortie de mon dernier disque, je leur ai envoyé un CD avec un mot de remerciement pour leurs films ». Geste gratuit: la harpiste ne joint même pas ses coordonnées à son envoi.
Le hasard veut que le CD atterrisse sur le bureau du producteur Toshio Suzuki, alors à la recherche d’un thème musical pour le long métrage en cours de réalisation. Deuxième coup du destin: le producteur, qui habituellement n’accorde aucune attention aux CD de promotion livrés au studio, écoute cette artiste inconnue. « Il est tombé amoureux de la première chanson de l’album », s’étonne encore Cécile Corbel.
« Un directeur musical s’est occupé avec nous de placer judicieusement les morceaux. Ca, je n’aurais jamais pu le faire seule », confesse la jeune femme née en 1980 et « montée » à Paris à 18 ans pour suivre des études d’histoire de l’art. « Avec ma harpe », précise-t-elle.
Elle joue alors dans la rue, des bars, des marchés, jusqu’à ce que, les études terminées, la musique finisse « par prendre sa place tout naturellement ». En 2005, elle enregistre un premier CD autoproduit, « Harpe celtique et chants du monde », qu’elle définit comme un « recueil de chansons du monde teintées de tradition celtique », avant de signer en 2006 avec Keltia Musique, une maison d’édition musicale établie à Quimper.
Durant la phase de réalisation d' »Arrietty », Cécile Corbel se rend au Japon à plusieurs reprises. Elle y retourne à nouveau en juin dernier pour participer pendant près de deux mois à la tournée de promotion du film, réalisé par Hiromasa Yonebayashi et sorti en juillet.
« 13 villes et 150 interviews », écrit-elle dans son journal de bord. « De ces journées d’interviews et de promotion, je retiens surtout le contraste saisissant entre ma vie de troubadour, telle que je la mène en France, et la logistique de cette tournée: toujours de grands hôtels, et toujours une foule de gens pour m’aider, porter le matériel, organiser, m’épauler, gérer le planning et les horaires, me guider, me maquiller, me coiffer (…). Ce contraste a été un peu générateur d’angoisse pour moi, en tout cas au début ».
Outre la bande originale, ses deux derniers CD, Songbook 1 et 2, sont sortis début juillet au Japon où elle est invitée dans les émissions de télévision les plus populaires. « C’est une porte d’entrée plutôt belle dans ce pays », se réjouit-elle. « Tout ce qui m’arrive a des allures de rêve éveillé! »
[De Clarisse LUCAS – Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés.->